Comptant parmi les plus visités de Berlin, le Musée de la RDA présente la vie quotidienne et la culture populaire dans l’ancienne Allemagne de l’Est autour de plus d’une trentaine de thèmes. L’un de ses espaces est occupé par la reproduction d’un appartement des années 70, dont une cuisine intégrée avec ses gros et petits appareils ménagers. Pouvant générer une certaine nostalgie, elle montre que ni les murs ni les régimes n’empêchaient la fonctionnalité de s’exprimer.
À en juger par les chiffres de vente et de pénétration de marché, les cuisines allemandes sont les plus appréciées en Europe, voire sur d’autres continents. Les raisons résident dans la puissance sans pareille de l’industrie germanique et dans le fait qu’elle a créé et promu un style consensuel, dans ses aspects esthétiques et fonctionnels, permettant d’être aisément duplicable, donc produit en grandes séries. Ce style euro-contemporain s’est ainsi imposé au point que des fabricants français, italiens, espagnols et autres l’ont repris à leur compte dans le but d’en avoir les mêmes fruits (avec pour contrepartie l’abandon de styles endémiques qui faisaient aussi leur identité, comme nous l’avons expliqué dans l’article « Une nostalgie française ». Notons que ces deux raisons – puissance industrielle et création d’un style gagnant les cœurs et les esprits - se nourrissent mutuellement depuis une trentaine d’années pour accroître la domination des industriels d’outre-Rhin.
Les modèles de cuisines allemandes ont été précurseurs dans le domaine de la fonctionnalité (les italiens donnant souvent le la de l’esthétique). Ainsi, inspirée du Bauhaus, la fameuse cuisine de Francfort a changé la donne dès 1926, en introduisant la rationalisation des espaces et des volumes. Les décennies suivantes ont vu la fonctionnalité s’améliorer et devenir un aspect fondamental des ensembles intégrés, sans que le mur de triste mémoire divisant Berlin en deux, ni le régime politique communiste et totalitaire de la RDA (précisions ici n’empêchent son développement dans les foyers. La visite du Musée de la RDA à Berlin révèle en réalité les similitudes des cuisines dans les deux 
Allemagne des années 70.
Une nostalgie sans Ostalgie
À quelques pas d’une emblématique Trabant dans laquelle il peut monter, le visiteur a la possibilité d’explorer un appartement en préfabriqué WBS 70 authentiquement reconstruit et de s'informer sur la vie quotidienne dans l’ex-Allemagne de l’est, grâce à des bornes interactives, des jeux et des informations présentées de manière divertissante. La cuisine y occupe une place de choix. Le visiteur peut ouvrir les tiroirs ou le réfrigérateur, découvrir la nourriture de l’époque derrière une vitrine, soulever le couvercle d’une cocotte, ou manipuler les petits appareils ménagers, avec pour les plus de 50 ans, allemands, français ou autre, une certaine émotion, montrant qu’en l’occurrence la nostalgie n’a pas de frontière.
Relié à la cuisine par un passe-plat, le salon est également reconstitué. C’était la pièce où se déroulait la vie de famille. Les Allemands de l’Est y mangeaient ensemble, y jouaient, y regardaient la télévision, y discutaient et y dressaient la table de fête pour la Jugendweihe ou l'anniversaire.
J.A
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