Un travail en commun avec les cuisinistes

Actualités - 03 avril 2018

Un travail en commun avec les cuisinistes 

Nous avons demandé à Séverine Desbois, responsable de la formation Continue de l’Afpia Sud-Est, de réagir suite au constat d’inadéquation à leurs besoins formulé par certains cuisinistes dans notre enquête publiée le 20 mars. 

 

Culture Cuisine : Pouvez-vous rappeler en quelques mots ce qu'est l’Afpia Sud-Est et quelle est sa vocation ?

Séverine Desbois : « Nous sommes un centre de formation basé à Lyon, partenaire partenaire de l’Ameublement français et agréé SNEC depuis juin 2017. Historiquement, notre mission initiale était de répondre aux besoins des industriels français de l’ameublement. Nous la remplissons toujours, mais nous nous adressons aussi aux magasins de meubles et aux cuisinistes, notre activité auprès de ces derniers s’étant considérablement développée au cours des 4 5 dernières années.  L’AfpiaSud-Est délivre d’une part des formations en alternance (diplômes de l’Education Nationale, du CAP au BTS sous contrat d’apprentissage ou des titres certifiés et CQP de branche essentiellement sous contrat de professionnalisation) et, d'autre part, des formations continues dont j'ai la charge et qui répondent aux besoins spécifiques des industriels de l’ameublement, des magasins et enseignes de cuisine de toute taille. Ces formations sur mesure concernent des thématiques variées, allant de la conception à vente, en passant par la communication, le management, la sécurité, le dessin à la main ou la maîtrise des logiciels dédiés. Se déroulant dans la plupart des cas en magasin, ces formations durent une journée au minimum, mais peuvent atteindre 400 heures.   

 

Culture Cuisine : Quels besoins vous sont le plus souvent exprimés par les cuisinistes ?

Séverine Desbois : Ils portent sur la concrétisation des ventes, mais en réalité, arriver à ce résultat passe avant tout par une bonne découverte des besoins réels des clients. Nous accompagnons aussi, bien sûr, les concepteurs vendeurs dans une meilleure connaissance des produits : meubles, plan de travail, quincaillerie et électroménager en partenariat avec les fabricants.

 

Culture Cuisine : Formez-vous aussi des architectes d'intérieur ?

Séverine Desbois : Oui, nous en accueillons parfois au sein de nos formations dédiées aux cuisinistes, parce qu'ils veulent améliorer leurs compétences dans l’implantation et la vente de la cuisine, les parties dessins et perspectives étant déjà bien maîtrisées. Depuis quelques années, nous constatons une demande un peu plus forte émanant de cette population sectorielle. De plus, en partenariat avec le Pôle Action de la Chambre française des architectes d'intérieur qui a ses bureaux dans nos locaux, nous sommes actuellement en discussion sur la mise en œuvre de formation spécifique dans la relation commerciale.

 

Culture Cuisine : Que répondez-vous au constat d'une dérive de votre enseignement vers plus de commercial et moins de compétences techniques, dressé par deux cuisinistes sondés dans notre enquête publiée le 20 mars ?

Séverine Desbois : La conception et la vente de cuisine sont et resteront les deux axes majeurs de notre Titre Certifié « Vendeur-Agenceur de Cuisines, SDB et Rangement (en 15 mois) ». Cela dit, ce constat concerne le phénomène ressenti par deux cuisinistes, que je connais et respecte tout à fait, mais qui ne saurait traduire forcément une généralité. Leurs magasins sont davantage orientés vers la conception, mais je vous signale à nouveau que la majorité des demandes qui nous sont formulées en formation continue concerne la vente et notre rôle est d'y répondre. Il faut aussi préciser que le cursus mentionné est une formation en alternance, donc se déroulant en entreprise et à notre centre de formation. En conséquence, il appartient aussi aux cuisinistes de former leurs salariés selon leur propre méthode jugée utile dans le contexte de leur magasin, en complétant ce que nous leur avons enseigné. Nous avons un rôle d'accompagnement et en aucun cas nous ne prétendons imposer notre façon de faire. En fait, la formation en alternance est basée sur une relation tripartite : nous organisons un travail en commun avec le cuisiniste et le ou la stagiaire.

 

Culture Cuisine : Autre problème soulevé dans notre enquête : la non fidélisation des jeunes arrivant dans les magasins de cuisine, et qui ne concerne pas seulement l’Afpia mais est épineux en raison du vieillissement démographique de ce secteur d’activité ?

Séverine Desbois : Chacun doit avoir son rôle. Celui de l’Afpia est de former des stagiaires ou des concepteurs vendeurs de cuisines déjà actifs, mais c'est aux gérants de magasins de mettre en place les conditions nécessaires pour fidéliser leurs salariés, via le management, l'évolution des responsabilités et du salaire accordés. De manière plus générale, il arrive que certains jeunes veuillent changer de métier quelques années après avoir découvert celui de cuisiniste, comme il arrive que d’autres quittent un autre métier après le même délai, pourquoi pas, d'ailleurs, pour devenir cuisiniste. Enfin, avant même d'être dans la vie active, nombre de jeunes changent d'orientation en cours d'étude.

 

Culture Cuisine : Le nombre de demandes pour intégrer l'Afpia a-t-il évolué au cours des dernières années ?

Séverine Desbois : Non, il est resté plutôt stable, alors que la demande de concepteurs vendeurs formés à tendance à augmenter, en raison, principalement de la croissance économique du secteur. Il y a donc un effet de ciseau qui risque de poser problème. Il faudrait que les formations telles que la nôtre ou celle d'autres centres soient davantage connues du grand public, au travers de journées portes ouvertes dans nos locaux de Lyon, de présence aux salons d'étudiants ou encore d'actions de communication menées par l'ensemble de la filière, au travers du Snec notamment ».   

 

Propos recueillis par Jérôme Alberola

 

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