« S'ouvrir aux autres pièces…

Actualités - 21 juin 2016

« S’ouvrir aux autres pièces n’a jamais été un choix économique ! »

A la tête du magasin indépendant aiMe Ces cuisines, à Vincennes, Marie-Line Roumiguière et Christelle Hoffmann livrent leur vision du métier, de la baisse des budgets à la concurrence d’Internet et à la transversalité des projets.  

 

Culture Cuisine : Que pensez-vous du marché actuel de la cuisine équipée ?

Christelle Hoffmann : « Le marché est devenu très difficile. C’est certainement dû à la crise de 2008/2009. Les budgets – même les plus importants - ont énormément baissé. Autant dire que nous n’avons plus accès aux petits budgets. A mon sens, cette baisse est aussi liée à l’immobilier qui, il y a quelques années, a tellement augmenté à Paris, qu’une fois les biens achetés et les travaux terminés, les propriétaires se sont retrouvés dépourvus pour financer leurs projets d’intérieur comme la cuisine, ainsi reléguée au second plan.

Marie-Line Roumiguière : L’année dernière a été particulièrement difficile. Pour nous adapter aux budgets en baisse, nous avons récemment choisi un nouveau fournisseur, plus accessible, mais toujours qualitatif. Nous distribuons, en plus de Comprex, la marque allemande Ballerina. Cela nous permet de répondre aux attentes des clients tout en respectant leur budget. Cela devenait frustrant de ne pouvoir répondre à des beaux projets pour des clients qui voulaient vraiment travailler avec nous uniquement pour des raisons financières. En toute franchise, vendre du Comprex est pour nous de plus en plus difficile. A cela s’ajoute toujours plus de concurrence provenant d’Internet en ce qui concerne l’électroménager. Les clients nous consultent après avoir, au préalable, fait leur shopping en ligne et listé les prix des produits souhaités, en nous demandant ensuite de nous aligner. Le plus souvent, nous devons leur répondre d’acheter l’électroménager de leur côté. Nous avons ainsi constaté dans nos ventes une perte de part de marché qualifiée provenant de l’électroménager. L’an dernier, elle s’élevait à environ un tiers.

 

Culture Cuisine : Quelles évolutions majeures dans le rôle du cuisiniste observez-vous ?

Marie-Line Roumiguière: Nous répondons de plus en plus à des projets globaux et ne sommes pas seulement des “assembleuses”.

Christelle Hoffmann : Je dirais plus : ce n’est pas une demande de la part des clients, mais cela répond à notre propre vision du métier, puisque nous sommes architectes et décoratrices d’intérieur au départ. Donc, c’est parfois difficile de se contenter seulement de la cuisine. Nous visualisons souvent un projet d’ensemble, et nous prenons souvent l’initiative de faire des suggestions sur lesquelles les clients rebondissent. C’est là qu’on s’aperçoit qu’ils sont demandeurs de conseils. Nous réalisons aussi des salles de bains, des chambres, des salons et des dressings. Parfois, les clients avec qui nous avons travaillé sur une pièce reviennent nous voir pour une autre. Nous fonctionnons essentiellement grâce au bouche-à-oreille. La cuisine est notre vitrine et représente l’essentiel de notre activité, mais elle n’est pas notre seul domaine de compétences. En revanche, s’ouvrir aux autres pièces n’a jamais été un choix économique et ne répond pas à un besoin de développement car, finalement, faire une composition pour un salon ou une bibliothèque demande beaucoup de travail et rapporte moins qu’une cuisine d’un point de vue financier. Ce qui nous motive est tout simplement de trouver l’épanouissement dans notre travail. »

 

Propos recueillis par Vanessa Barbier

 

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