Paradoxe ou ironie de l’histoire des cuisinistes
Suite à la diffusion de notre enquête sur les salaires des concepteurs-vendeurs de cuisine, Roberto Drapron, enseignant à La Fabrique, école des métiers de la mode et de la décoration, nous a adressé une réaction aussi spontanée qu’inspirée, abordant la question des devis payants ou non. La voici.
« J’ai lu avec beaucoup d’attention votre enquête sur les rémunérations des concepteurs- vendeurs de cuisine.
Je vois réapparaître le sujet du devis gratuit, je vous fais part de mon expérience.
Alors que Ikea, seul acteur à vendre son devis, offrait en mai dernier l’heure de conseil en échange d’une signature, j’ai participé à deux tables rondes en compagnie d’architectes d’intérieur sur le sujet de la cuisine équipée.
Quelle n’a pas été ma surprise lorsqu’une charmante dame dans le public m’a posé une question sur le coût d’une étude d’installation d’une cuisine équipée. Je lui ai expliqué de manière très lapidaire que majoritairement ces études sont traditionnellement gratuites chez les cuisinistes.
Mes interlocuteurs architectes d’intérieurs sont alors intervenus pour délivrer une excellente argumentation de la facturation de leurs études de chantier, sans donner de prix fixe mais en énumérant les missions qu’ils peuvent réalisées. A savoir :
D’abord la réalisation de l’Avant-Projet :
- soit un APS (Avant-Projet Sommaire) puis un APD (Avant-Projet Définitif)
- Proposer une implantation correspondant aux attentes des clients.
- Etre force de proposition quant au choix des couleurs (harmonie des meubles et décors, sol, murs, électro).
Puis la réalisation d’un dossier de consultation des entreprises comprenant :
- Le plan technique
- La fourniture d’un rétroplanning (livraison et pose)
- La mise en relation avec des artisans qualifiés (poseur, électricien, plombier, peintre, ...) en sus
- La gestion des travaux avec rétroplanning et plan technique en sus
- Les rapports de visites de chantier (relevé de cotes avant pose) en sus
Enfin, la réception du chantier
- Réception du bon de fin de pose et de travaux, le cas échéant
- Le suivi de la facturation et des garanties
- Le suivi du SAV
Si les concepteurs-vendeurs de cuisine réalisent aussi tout cela, il est légitime qu’ils fassent tout autant payer leurs devis. Et pourtant : alors qu’ils sont réputés pour être plus "vendeurs" que "concepteurs", force est de constater qu’ils n’ont pas l’aptitude à vendre leur prestation. Paradoxe ou ironie de l’histoire… »
Roberto Drapron
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