Le plus ancien magasin de France…
Encore en activité ? La société M. Chauvin et Fils peut y prétendre en proposant des appareils ménagers depuis 1934 aux consommateurs d’Aix-en-Provence. Une longévité dont le secret réside dans la qualité des services et la proximité avec les clients en s’adaptant avec l’évolution de leurs besoins.
Culture Cuisine : Quelles ont été les étapes principales de l'évolution de votre magasin ?
Vincent Chauvin : « Le magasin a été créée en 1934 par Marcel Chauvin, notre grand-père à mes cousins et moi-même. La surface originelle était d'une trentaine de m2 seulement, mais elle s'est agrandie progressivement avec l'achat des commerces jouxtant cette première boutique. Aujourd'hui la superficie commerciale et la réserve couvrent 600 m2. Nous avons conservé le même emplacement rue de Montigny dans le centre historique d'Aix-en-Provence. De même, l'entreprise est toujours restée familiale, mon père et mes oncles prenant la succession dans les années 60, puis mon frère, mes cousins et moi-même quelques décennies plus tard.
Culture Cuisine : Quelles ont été les activités successives de votre magasin ?
Vincent Chauvin : La toute première activité concernait les travaux électriques, mais elle s'est vite orientée vers la vente d’appareils ménagers, gros et petits, qui est devenu l'activité principale avec les luminaires. Nous vendons ainsi tous les appareils servant dans une cuisine, à savoir réfrigérateurs, fours, plaques de cuisson, lave-vaisselle, hottes et micro-ondes, tant en pose libre qu’en intégrable. Nous ne proposons pas de meubles de cuisine, mais nous travaillons directement avec divers cuisinistes ou des menuisiers installés sur notre zone de chalandise.
Culture Cuisine : Quelles ont été selon vous les principales évolutions dans votre métier de distributeur spécialiste de l’électroménager au cours des dernières décennies ?
Vincent Chauvin : L’évolution la plus marquante concerne le référencement des appareils qui a considérablement changé. Auparavant, les appareils duraient une dizaine d'années, aujourd'hui les catalogues changent tous les ans. On a assisté aussi à une forte démocratisation de ce marché, ce qui a conduit les consommateurs à changer d'équipement bien plus souvent. Auparavant, si l'appareil durait 15 ans, voire davantage, les gens le gardaient jusqu'à sa fin de vie. Depuis le début des années 2000, ils n'hésitent pas à changer tous les 3 ou 4 ans, même si l’appareil fonctionne toujours mais qu'ils en veulent un nouveau à l’esthétique plus coordonnée avec leurs goûts du moment et leur nouvel ensemble de cuisine.
Culture Cuisine : Comment avez-vous réagi à l'avènement d'abord des grandes surfaces spécialisées en électroménager (Darty et Boulanger), ensuite à celui des sites de vente sur Internet ?
Vincent Chauvin : Nous ne pouvions pas lutter dans le domaine des prix, même si nous nous sommes le plus souvent alignés sur ceux pratiqués par les grandes surfaces, hormis leurs périodes de promotion durant lesquelles elles jouaient sur des volumes que nous n'avons pas. Notre principale arme de défense et notre atout de séduction a toujours été de pratiquer une politique exigeante de services au consommateur, tant dans le choix avisé des produits que dans leur suivi avant, pendant et après l'achat. Les clients sont sensibles au fait que nous ne sommes pas animés par la vente de produits à tout prix. Ainsi, lorsqu'ils nous signalent qu’un de leurs modèles est en panne, nous regardons s'il n'est pas possible et préférable de le réparer. Nous nous déplaçons aussi régulièrement chez eux pour de telles réparations si besoin pour les conseiller dans le choix de l'appareil le plus conforme à leurs besoins et à l’environnement de la pièce cuisine. Transmise de génération en génération, cette philosophie appliquée de conserver toujours des relations proches avec nos clients est probablement ce qui explique le plus la longévité de notre magasin qui jouit d'un excellent bouche à oreille. D'ailleurs, lorsque les consommateurs se rendent dans le nouveau point de vente que nous avons ouvert en septembre à Aix-en-Provence , il demande quasi systématiquement s'il s'agit de la même maison que celui de la rue de Montigny.
Culture Cuisine : Enfin, quelles évolutions avez-vous noté cette fois dans le comportement des consommateurs ?
Vincent Chauvin : La multiplication des marques d'électroménager et de leurs références de produits, en se combinant avec celle des médias et autres supports d'information, a rendu les consommateurs plus informés et surtout exigeants. Il y a encore une dizaine d’années, lorsqu'ils venaient nous acheter un réfrigérateur, ils prenaient l'un des modèles que nous présentions sans trop poser de questions. Aujourd'hui, ils achètent un réfrigérateur de la même manière qu'ils achètent une voiture, c'est-à-dire en s'intéressant aux options au-delà de la seule capacité à produire du froid de manière fiable pendant longtemps. Cela s'applique aussi aux autres appareils, bien sûr. La fiabilité, la technologie et l'esthétique sont aujourd'hui les trois critères privilégiés. Quant au prix, les gens comprennent que nous sommes plus cher que sur les sites Internet, parce que nous délivrons un service de qualité et des conseils personnalisés. En revanche, ils nous comparent toujours avec les grandes surfaces spécialisées, mais acceptent qu'il y ait une différence s'ils considèrent que notre argumentation est utile et justifiée. »
Propos recueillis par Jérôme Alberola
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