« Je ne peux qu’approuver le constat dressé par mon confrère agenceur de cuisine à Sens, concernant l’attitude regrettable mais aussi dangereuse qu’ont les fabricants d’appareils encastrables envers les cuisinistes. Aussi je souhaite compléter les propos de M. Bottaioli que j’ai lus la semaine dernière sur votre site d’information. Déjà sensible auparavant, une tendance se manifeste avec une virulence inquiétante depuis un an : nous perdons des ventes de cuisines entières au profit de Darty, non parce que nos prospects considèrent les cuisines Darty plus réussies, mais parce qu’ils constatent des écarts de prix importants sur les appareils encastrables. Le phénomène a changé de nature et pris une telle dimension que, dans notre magasin, nous avons constaté les faits suivants qui ne s’étaient jamais produits auparavant :
- des clients viennent nous voir pour avoir un devis de cuisine équipée sans les appareils ménagers encastrables qu’ils nous déclarent avoir déjà acheté chez Darty ou sur Internet.
- Certains prospects nous ont traités de voleurs considérant que nos marges étaient disproportionnées par rapport à celles de la concurrence.
- Nous nous sommes aperçus qu’ils avaient acheté des appareils moins chers en prix public que le prix d’achat que nous payons auprès de la même marque !
Les mêmes prospects apprécient de voir les fours, plaques et hottes en situation, voire en mode de fonctionnement dans les cuisines équipées que nous exposons. J’ai ainsi parfois le sentiment que les cuisinistes servent à exposer des modèles que d’autres circuits de distribution, physiques ou virtuels, vendront ensuite. Si nous ne pouvons plus lutter en termes de prix des appareils encastrables face aux grandes surfaces et aux sites de vente sur Internet, le seul moyen de continuer notre activité sera d’augmenter les marges et donc les prix des ensembles de meubles. Cela aura pour conséquence néfaste de disqualifier les cuisinistes dans la compétition du marché au profit des grandes surfaces de meubles type, Ikea, But ou Conforama. Cette disparition de notre métier entrainera une réduction, tant quantitative que qualitative, de l’offre de produits et de services proposée aux consommateurs qui s’en trouveront lésés. Cela conduira à une paupérisation de l’habitat qui se produira aux dépens des fabricants d’encastrable et de mobilier, condamnés à concevoir et vendre des produits toujours moins chers, plus basiques, les revendeurs compétents pour les mettre en valeur ayant disparu.
Enfin, nous ne sommes jamais visités par des responsables décisionnaires du siège français des fabricants d’appareils ménagers encastrables. Tout juste recevons-nous la visite d’attachés commerciaux venant nous demander de référencer leurs nouvelles gammes ou de vendre davantage celles existantes. Cette démarche est faite avec insistance, voire en exerçant une pression morale, mettant en avant l’obligation de proposer leur marque qui serait incontournable aux yeux des consommateurs. Lorsque nous leur exposons nos suggestions ou nos doléances, ils se contentent de nous écouter distraitement ou poliment, mais ne prennent jamais de notes écrites, même lorsque nous leur signalons des dysfonctionnements de leur modèle ou des remarques négatives de notre clientèle. C’est très révélateur d’un manque d’intérêt ou, pire encore, d’un dédain pour notre profession ».
Signalons que d’autres cuisinistes nous dressent les même constats lors nos échanges au long de l’année, ou dans le cadre de notre baromètre d’opinion (cf. notre édition du 20 février dernier)
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