Du fauning au phoning

Actualités - 03 oct. 2017

 

Il y a deux mois de cela, je me promenais bras dessus-bras dessous avec une comestible ressortissante d’Antibes, dans la pinède sauvage qui escalade les contreforts de l’Esterel, vous savez, derrière les villas des S.D.F (Sans Difficultés Financières)... Petite parenthèse : Vous connaissez l’histoire des deux mille-pattes amoureux qui allaient bras dessus-bras dessous, bras dessus-bras dessous, bras dessus-bras dessous, bras dess... ? Bon, je m’égare...  Donc, nous divaguions parmi les résineux, les épineux, et autres sakdeneux, tandis que les cigales s’égosillaient de l’élytre sous un cagnard à tomber le string...  « C’est marrant, me dit-elle, vous me faites penser à la pendule à poids de ma grand’mère !  Une comtoise qui s’était détraquée à six heures et demie...l’arrondi de l’abdomen, le bronzage bois de rose de vos jambes Louis XV... ». O l’imagination poétique des femmes ! O leurs versatiles pensées : L’instant d’après je lui rappelais le cadran solaire de la place Masséna et son stylet d’airain ! « ...avec vos yeux de triton et vos cheveux épars… » L’irruption braillarde d’un troupeau de V.T.Tistes coupa court à ses considérations horlogères et me fit remettre à plus tard certain projet que je caressais... 

 

Le soir même, je l’entraînai, au clair de lune, dans les ravines qui sinuent entre les mini-ZUP (Zones Ultra-Pognonifères) de l’hinterland. Les grillons stridulaient à tout va en se râpant la chitine comme urticaire. Salut les copeaux ! Bien décidé à remettre les pendules à l’heure, je lui exposai mon projet, mais la gente damoiselle était ailleurs... Elle écoutoit la nuit et me disoit de me taire ! Bougrenichon de malpertuis de morbleu ! Elle estoit définitiment Antiboise ! Ca me rendoit fol ! (Icelui qui boise et reboise, du levant au ponant, en sa doulce province entendra que j’en fusse fort marri). « Ecoutez plutôt, grand sauvage, comme c’est émouvant, ce chant des grillons parmi ces senteurs de fenouil... ». Le Diable emporte le fenouil, les grenouilles, la nouille et les quenouilles ! Je me vengeai cruellement, en lui dévoilant brutalement...

 

Une petite pause pour le lecteur angoissé qui se demande ce que cette belle tranche de vie vient faire ici. Elle n’a d’autre raison de figurer au menu que celle d’illustrer la brillante démonstration par laquelle je vais ramener nos Nimbus de la Mercatique au niveau du cancrelat. Vu ?

 

...donc, je lui dévoilai sans ménagement ce que n’importe quel entomologiste sait depuis sa première loupe. A savoir que cigales et grillons sont des débauchés qui passent leur temps à chercher un partenaire pour leurs petites sauteries. Na ! Loin de montrer la discrétion que l’on observe chez nous, et dans les meilleures familles, ces obsédés polluent le quartier de leurs clameurs obscènes !  « Bzz ! Bzz ! Y a t-il un mâle dans le coin qui voudrait bzzzer avec moi ? Cri-cri ! Cri-cri !... J’attends celle qui aimerait faire cricri avec un grillon ardent ! Cri-cri-P.S !  Je suis derrière la deuxième touffe, en partant du gros caillou... (Tout cela a été traduit, bien sûr, par le Pr Yakahimité Sénabo, avec son appareil dernier cri)... Bzz ! Vite ! Bzzzz ! Viiite ! Cri-cri ! J’en peux plus ! » Ah, le bel été des faunes ! Que dites-vous ? Les téléphones sans fil ???  Ah, oui... J’y viens : Ainsi donc, la téléprospection que nos grands chercheurs en mercatique nous présentent comme l’Innovation du siècle n’est qu’un plagiat honteux de l’éternelle Nature. Ah, les imposteurs ! Et ne parlons pas de ceux qui ont appris à voler en observant les pigeons autour d’eux...

 

P.A In memoriam

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