Cuisiniste, la réussite au-delà des apparences

Actualités - 04 mai 2021

Suite à notre sondage diffusé le 9 mars sur l’appétence des cuisinistes pour les marques allemandes de cuisine, nous avons demandé à Jean-Pierre Mille, gérant du magasin Art et Création près de Saint-Etienne, de développer les arguments en faveur de son choix de référencement. Selon lui, « le métier de cuisiniste est trop complexe pour espérer réussir en restant au niveau des apparences » et « on ne peut pas se contenter de faire rêver les clients. »

Culture Cuisine : Vous êtes un cuisiniste expérimenté (voir note en fin d’article) et un fervent promoteur de la cuisine allemande. Pourquoi cet engouement ?

Jean-Pierre Mille : « Les modèles de cuisines des marques allemandes sont selon moi plus intéressants à référencer, pas seulement parce qu'ils sont en général d'excellente qualité de composition, mais parce qu’ils permettent de réaliser de nombreuses possibilités d'agencement, en raison de la largeur des gammes et de la grande variété de dimensions des meubles. Ma volonté de distribuer une marque allemande n'a pas été la conséquence d'une simple idée reçue qui ferait écho à l’a priori favorable aux productions venues d’outre-Rhin en cuisines comme en automobiles. J'ai d'ailleurs d'abord travaillé avec un fabricant français de cuisines, avant de constater que l’offre nationale n'était plus en adéquation avec les demandes toujours plus variées des consommateurs en quête de personnalisation. Il y a quelques années, je me suis donc orienté vers les fabricants allemands, référençant d’abord Zeyko et E+K, ce dernier ayant depuis disparu. Suite aux conseils avisés d'un confrère cuisiniste il y a 12 ans, j'ai décidé de référencer la marque Schüller, devenant ainsi l’un de ses premiers distributeurs en France. Je suis aujourd’hui l’un de ses plus anciens car j’ai eu toutes les raisons de lui rester fidèle, référençant aussi sa marque premium next125 (modèle en visuel ci-dessus à droite).    

Culture Cuisine : Pendant longtemps, il était coutume de dire que les cuisines allemandes était solide et fonctionnelles et les cuisines italiennes d’un design original, les modèles français étant les meilleures en style rustique, le rechampi ou provençal étant l’atout majeur à l'exportation de l’industrie tricolore. Cette répartition est-elle encore valide aujourd'hui, où est-elle du registre désuet de l’image d'Épinal, alors que le style contemporain s'est imposé partout en Europe ? 

Jean-Pierre Mille : Il y a encore du vrai dans ce dicton propre à la cuisine, même si les choses ont tout de même évolué depuis une dizaine d'années. Les fabricants allemands ont certes considérablement progressé en termes de design, mais ils continuent de s'inspirer de leurs confrères italiens qui présentent souvent les cuisines les plus remarquables visuellement sur les salons internationaux. Cette qualité n'est toutefois pas le gage leur garantissant une réussite commerciale dans les magasins. J'ai référencé la marque italienne Pedini pendant quelques temps. C'était plutôt de bons produits mais qui offraient peu de possibilité d'agencement, en raison de dimensions limitées des meubles et d’une certaine logique particulière à laquelle il est indispensable d'adhérer sous peine de brimer sa créativité d'agenceur. Il faut toujours être prudent avec l’effet provoqué par les belles cuisines de vitrine, car le métier de cuisiniste est trop complexe pour espérer réussir en restant au niveau des seules apparences.

Culture Cuisine : C‘est-à-dire ?

Jean-Pierre Mille : Il ne s'agit pas simplement de réaliser une vente de cuisine équipée avec un beau plan de travail et des appareils ménagers sophistiqués. On ne peut pas se contenter de faire rêver les clients, mais il faut aussi réaliser leurs désirs. Un cuisiniste ne peut pas y parvenir tout seul, mais il doit faire partie d'une équipe compétente à chaque maillon de la chaîne qui le relie aux divers services de son fournisseur. Je peux compter sur Schüller pour vérifier et corriger si besoin chaque commande que je lui envoie, surtout si celle-ci est complexe. Le service concerné à l'usine est très vigilant et m’a parfois rappelé pour me conseiller de prendre tel élément plus pertinent qu’un autre, ou pour m’indiquer qu’une erreur s’était glissée dans ma commande. J'entretiens ainsi un lien étroit et permanent avec le service d'expédition en Allemagne. Cette démarche constante de qualité permet au fabricant, au cuisiniste et finalement au consommateur de gagner du temps en évitant les déconvenues, les retards et les aller-retours de SAV. Cela participe activement à notre image positive, critère déterminant dans notre métier où la concurrence est forte. À l'inverse, j'avais eu des surprises énormes après la prise de commandes chez un fabricant français, aujourd'hui disparu, qui ne vérifiait rien et nous envoyait des éléments pour le moins surprenants. Il avait alors fallu passer un grand nombre d'appels téléphoniques pour corriger ces erreurs. »     

Propos recueillis par J.A

Rappel : En septembre 2018, nous avons réalisé une interview de Jean-Pierre Mille dans laquelle il livrait sa vision de l'évolution de votre métier au cours des deux dernières décennies. A relire en cliquant ici.

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