Une crise effacée ?

Actualités - 08 oct. 2013

 

On n’y croyait plus, sauf à Bercy diront les plus sceptiques : à la fin de l’année, le PIB (produit intérieur brut) français va renouer avec son niveau d'avant la crise, c'est-à-dire du premier trimestre 2008, selon l'Insee. Jusqu'ici, parmi les principaux pays européens, seule l'Allemagne (quelle surprise !) y est déjà parvenue. La nouvelle annonce est tombée vendredi dernier, conduisant le ministre de l’Économie Pierre Moscovici à se féliciter immédiatement de cette annonce, plus optimiste que celle faite précédemment par le gouvernement lui-même.

 

Pas de quoi pavoiser pour autant : en moyenne sur l'année, l’Institut national de la statistique et des études économiques prévoit une croissance de 0,2 % seulement, mais qui suffisent au ministre pour avancer qu’en cas de confirmation, « notre prévision de croissance de 0,9 % pour 2014 pourra être dépassée ».On passerait alors d’une évolution symbolique, mais toujours moralement positive, à une réelle reprise, sensible dans les faits, les chiffres d’affaires des entreprises et le portefeuille des consommateurs.

 

En attendant, l'Institut table sur un recul de 0,4 % de la production manufacturière au troisième trimestre, précédant un rebond de + 1 % au quatrième. Le recul de l'investissement des entreprises devrait s'estomper d'ici à la fin de l'année pour redémarrer avec + 0,3 %. L’évolution serait inverse pour le pouvoir d'achat des ménages, l'institut prévoyant qu’il sera en repli aux troisième et quatrième trimestres (respectivement - 0,1% et - 0,2%), en raison du « regain d'inflation et de la vigueur des impôts sur le revenu et le patrimoine », mais que  sur l'ensemble de 2013 toutefois, l’indice devrait cependant progresser de 0,5 %. La  consommation est appelée à augmenter de 0,1 % au troisième trimestre, puis de 0,3 % au quatrième, selon l'Insee.

 

On aura du mal à ne pas se frotter les yeux à la lecture de ces deux dernières phrases, tant elles semblent contradictoires (une consommation en hausse avec un pouvoir d’achat en baisse au cours de deuxième semestre). De fait, les Français sont devenus comme les chats échaudés craignant l’eau froide (ou comme Saint-Thomas, à vous de voir ce que vous croyez, plutôt de croire que ce que vous voyez) : en septembre, on leur annonçait une baisse significative du chômage avec 50 000 demandeurs de moins durant le mois précédent, avant de cela ne soit rectifié à – 22 000, le différentiel – excusez du peu - étant dû à un bug informatique chez SFR, opérateur chargé des actualisations sur le site de pôle emploi.  Reste qu’aucune reprise économique ne sera durable, tant qu’il n’y aura pas d’inversion réelle et ferme du nombre de demandeurs d’emplois, comme l’a promis le président de la République. Or, l’Insee table sur une stabilisation à la fin 2013 et les plus sceptiques diront que François Hollande a aussi fait d’autres promesses emportées par le vent….       

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