Un monde trop, beaucoup trop, connecté

Actualités - 01 févr. 2013

 

Les grandes entreprises françaises sont dirigées par les mêmes dirigeants, par le biais de participations, nominations et autres jetons de présence (très) rémunérateurs aux conseils d’administration. La presse économique et politique en a fait un sujet qui revient comme le serpent de mer depuis une vingtaine d’années, au gré des crises ravivant les critiques d’une collusion entre un libéralisme vorace et un système de gouvernance centralisé sans partage, au profit quasi-exclusif des énarques. En dépit des légitimes dénonciations exacerbées par la crise actuelle, provoquée précisément selon les contempteurs, par l’appétit sans limite des mêmes détenteurs du pouvoir économique et financier, le système a tendance à se renforcer. Publié par le magazine Alternatives économiques, un graphique à découvrir en cliquant sur ce lien montre de manière édifiante à quel point les grandes entreprises françaises sont concentrées dans les même quelques mains. Si placer la souris au milieu ou en dehors du cercle offre logiquement le maillage le plus impressionnant en raison de sa densité, la déplacer sur le logo de chaque firme révèle aussi des interconnexions étonnantes (Total avec Renault, mais pas avec PSA ; Essilor et Danone ; Carrefour et LVMH, etc.). 

 

On aurait tort de jeter la pierre aux seuls dirigeants des grandes entreprises. La tentation de concentrer les pouvoirs est forte depuis toujours (depuis César et Napoléon) et notre époque compte aussi des hommes politiques cumulant les mandats (maire, député, président de communauté d’agglomérations,  conseiller ou président de conseils généraux ou régionaux), comme des journalistes (ou animateurs) superposant des emplois dans les journaux, à la télévision et à la radio (les fameux cumulards raillés par Georges Marchais devant Jean-Pierre Elkabach et Alainb Duhamel). Certes, ils ne représentent qu’une infime part de leur profession (au regard des dizaines de milliers d’élus de la République et de journalistes), de la même manière que les patrons du CAC 40 ne sont par définition qu’une dizaine, par rapport aux 2 millions d’entrepreneurs de firmes plus petites, jusqu’aux TPE, qui constituent le tissu profond de l’économie française. Mais dans ces divers domaines, ce sont ces franges minoritaires qui détiennent les pouvoirs d’opinion et de décision. Pas besoin d’être grand clerc pour remarquer que ces trois classes politique, médiatique et dirigeante des multinationales ont un intérêt commun à maintenir ce système.  

 

Vu sous cet angle, éclairé par la macro-économie, les secteurs de la cuisine et de l’électroménager  apparaissent bien plus clairs, leur concentration ne portant que sur les acteurs de marché, y compris à l’échelle européenne. On voit mal en effet, sauf scoop restant à révéler, un dirigeant du groupe Whirlpool être également membre des conseils d’administration d’Electrolux et/ou de BSH ; comme il serait surprenant d’apprendre que les mêmes membres siègent au plus haut niveau du groupe Fournier, de la Salm, de Nolte  Küchen ou de Lube. Une exception tout de même : Nobilia, leader allemand et spécialiste des cuisines vendues en no name dans les enseignes généralistes de l’ameublement ou spécialistes cuisines, est devenue depuis juillet 2009 partie prenante à hauteur d’au moins 30 % de FDB International, société de franchise possédant les marques enseignes Ixina, Cuisines Plus et Cuisines Références, et qui est issue de la restructuration du Groupe Arthur Bonnet (GAB), jusqu’alors uniquement détenu par Snaidero.

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