Les cuisinistes composant les rouages les plus impliqués dans le marché français de la cuisine équipée, il est indispensable de connaitre leurs réflexions et avis afin de définir les évolutions et besoins des consommateurs. C’est pourquoi, depuis près de 20 ans, Culture Cuisine les sonde régulièrement au travers de tribunes libres, de sondages ou d’enquêtes d’opinion. Aussi, alors que le secteur traverse une période d’incertitudes spécifiques mais aussi liées à la conjoncture socioéconomique, nous avons posé à quatre distributeurs indépendants la question ouverte : « Quel est selon vous le sujet le plus important actuellement pour la filière de la cuisine équipée, ou pour votre activité professionnelle ? » Leurs réponses montrent leur hauteur de vue.
Julien Launay, gérant du magasin Samo à Angers (Maine et Loire) :
« À mes yeux, le sujet le plus important aujourd’hui pour la filière de la cuisine équipée, c’est la nécessité d’un repositionnement durable et différenciant. Dans un marché qui tend à se banaliser, face à une concurrence toujours plus agressive sur les prix, notre métier doit plus que jamais valoriser le conseil, la qualité de l’accompagnement et l’authenticité du sur mesure. Pour nous, cuisinistes indépendants, cela passe par un engagement fort : celui de proposer des matériaux responsables, durables, et des partenaires fabricants qui partagent une même exigence de qualité et d’éthique.
Par ailleurs, dans un contexte où les attentes des consommateurs évoluent rapidement (fonctionnalité, écoresponsabilité, design, ergonomie…), il est crucial de rester à l’écoute des usages réels et d’anticiper les nouveaux modes de vie. Cela demande à la fois de la créativité, de la formation continue et un vrai travail de fond sur l’expérience client.
En résumé : sortir de la logique de simple “vente de meubles” pour revenir à l’essence de notre métier – concevoir des espaces de vie personnalisés, durables, intelligents et émotionnels. »
Alain Maillet, gérant du magasin A.I Concept à Fontainebleau (Seine-et-Marne) :
« Je pense que le sujet le plus important à l’heure actuelle, c’est la NON-CONSOMMATION des ménages ! Et ceci, dans tous les secteurs d’activité. Ce phénomène, à mon avis, est dû à un climat POLITICO ECONOMIQUE détestable.
Des politiques qui sont dans l’incapacité de prendre de bonnes décisions, un déficit qui n’arrête pas de se creuser………Les gens préfèrent épargner que d’investir. Il faut IMPERATIVEMENT réformer ……Mais Comment ?
En changeant la constitution, afin que ce ne soit plu l’Europe qui nous dicte ces directives ?
Voilà comme dirait l’autre « Y A KA FAUT QU’ON. » (les majuscules sont de l’auteur de la tribune libre, ndlr)
Alexis Roucout, gérant du magasin Roucout Cuisines à Plancoët (Côtes d’Armor) :
« Un sujet en particulier ? Ils sont multiples…et tous interconnectés entre eux. Les temps actuels sont peu propices aux affaires en général. L’artisanat en général subit une forte baisse de régime, la construction de maisons individuelles également, etc. Arrivant en bout de parcours, les cuisinistes subissent désormais de plein fouet ce grippage économique.
Je pense donc que le zoom sur notre activité précise n’est pas le sujet préoccupant en soi, mais tout l’écosystème autour. La France, et sa gestion catastrophique par un état obèse et incompétent. Pour revenir au sujet initial donc, au centre de ce qui devrait être selon moi la préoccupation majeure de chacun d’entre nous est de récupérer notre souveraineté et cesser d’entretenir cette caste destructrice. Ni de gauche, ni de droite, factuel. »
Thierry Soleau, Tourny Cuisines à Bordeaux (Gironde) :
« Le niveau de faiblesse de la demande est inédit actuellement. Nous avons connu des périodes de contraction économique en d’autres temps (1992 avec la crise irakienne et 2008 avec les subprimes), mais l’ampleur et la durée étaient sans comparaison avec ce que nous traversons depuis 16 mois. Selon moi, deux raisons majeures expliquent le ralentissement de notre activité : d’une part, la perte de confiance du consommateur qui gèle ses investissements majeurs en raison des incertitudes économiques et politiques traversées ; d’autre part, une chute vertigineuse des mises en chantier de l’habitat neuf depuis deux ans, les contraintes (DPE, RE2020, etc.) pesant sur un marché immobilier déjà structurellement en crise de la demande. »
Propos recueillis par J.A
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