C’est le constat que dresse Marc Edel, dirigeant fondateur d’Agensia Delmeter, premier groupement français de cuisinistes indépendants. Dans cette tribune libre, il explique les raisons de la conjoncture actuelle du marché français de la cuisine « où les choix autour de l’industrie doivent être profonds. » Préconisant de dépasser « les attitudes et les adaptations pour trouver des réponses aux facteurs qui ont conduit à cette crise », il rappelle les atouts des cuisinistes indépendants pour y faire face.
« Les crises ont pour conséquence de nous faire passer d’un ancien monde à un nouveau monde. Une transition plus ou moins douloureuse et plus ou moins profonde en fonction des caractéristiques de la crise, locale ou internationale, longue ou courte, systémique ou conjoncturelle, etc.
Sous l’angle du marché de la cuisine, les cartes sont d’autant plus rebattues que notre marché national était déjà fragilisé avant la crise mondiale du covid et qu’avant que nous ayons retrouvé nos marques, arrive une seconde crise.
Si les perturbations ont un fondement économique (marché immobilier à l’arrêt, taux bancaire) consumériste (attentisme des consommateurs), les nouvelles données émanent en majorité des acteurs du monde de la cuisine.
Les grands groupes électroménagers ont diminué les prix davantage pour maintenir leurs parts du marché par rapport à leurs concurrents que par altruisme. Mais ils diminuent également le nombre de références et le nombre de commerciaux. La vente en direct s’impose dans une vision à long terme.
Les industriels de la cuisine, qui ont eu besoin des cuisinistes pour démarrer, recherchent désormais les volumes auprès de distributeurs industriels, ou rachètent des circuits de distribution pour pouvoir mieux contrôler leurs débouchés.
Mais c’est également la montée en gamme qui constitue l’espoir de croissance pour les prochaines années.
C’est une crise qui fait mal aux petits et aux grands et il n’est pas possible d’entrevoir une fin rapide d’autant plus qu’en France, se greffe une crise politique dont l’issue sera déterminante pour le règlement de la crise économique.
Les cuisinistes indépendants disposent cependant d’atouts pour faire face. Avec une structure financière plus souple, un procédé de décision court, ils possèdent une adaptabilité importante. Mais avant tout, ils constituent l’élément humain du commerce. C’est le point fixe dans l’océan de communication et des incertitudes.
Nous sommes à une croisée des chemins où les choix autour de l’industrie doivent être profonds. Prenons un exemple concret : le papier disparaît et beaucoup s’en plaignent. Les explications reposent sur le coût et le geste pour l’environnement. Mais pour ce dernier, on ne prend absolument pas en compte toute l’énergie que dévore le digital.
La crise dicte des attitudes et des adaptations. Mais ne vaudrait-il pas mieux trouver des réponses aux facteurs qui ont conduit à la crise ? »
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