Elle fit aussi l’objet d’un débat à l’occasion de la présentation d’un réfrigérateur authentiquement américain à Moscou, en présence du vice-président des États-Unis et d’un certain monsieur K, alors premier secrétaire du Parti communiste de l’Union soviétique et président du conseil des ministres. Récit.
Les faits sont relatés comme suit dans l’ouvrage Les événements qui ont marqué l’histoire en 100 photos, paru en 2017 aux éditions L’imprévu.
« Le 24 juillet 1959, le vice-président des États-Unis, Richard Nixon, assistait à l’inauguration de l’exposition américaine à Moscou. Le président soviétique, Nikita Kroutchev, était présent. Le photographe Elliot Erwitt était également à Moscou, pour le compte de Westinghouse Electric, dont le réfrigérateur - symbole de l’american way of life - était présenté dans une maison-témoin baptisée Splitnik (en référence au Spoutnik, premier satellite placé en orbite par l’Union Soviétique, le 4 octobre 1957). On réalisa que cet étalage n’était qu’un prétexte à mettre en lumière la distance qui séparait le communisme du capitalisme. Ainsi, ce dont on se souvint le plus à propos de cette exposition fut ce qui allait qualifié de “kitchen debate” ou débat dans la cuisine.
Dans son cliché, Elliot Erwitt réussit à figer toute la dynamique de la Guerre Froide. L’index de Nixon posé sur la poitrine de Kroutchev accompagne le regard inquisiteur de l’Américain, mais la tension est contrebalancée par l’expression plus sereine de l’autre homme. Assistait-on à une rupture politique ? “Comme les images peuvent mentir” commenta Erwitt. L’expressivité des visages est effectivement trompeuse pour le spectateur. Nixon masqua la nature politique du différend en s’engageant dans un débat pseudo philosophique, sur les habitudes alimentaires des deux camps, soulignant que les uns préféraient le steak, les autres la soupe aux choux. Kroutchev, sarcastique et méprisant, demanda si les Américains avaient une machine pour “mettre la nourriture dans la bouche et la pousser jusqu’au fond”. Puis, il prit brusquement congé de son interlocuteur.
Nixon rentra en Amérique en vainqueur. Une habile exploitation de cette image fit de lui un défenseur des valeurs américaines. Sans le savoir, Erwitt avait réalisé un cliché iconique, qui marqua la campagne présidentielle à suivre. »
Il ne suffit toutefois pas à faire gagner le vice-président des États-Unis de l’époque qui s’inclina face à une grande figure du XXe siècle dont le nom commençait également par K. Mais ceci est une autre histoire…
J.A
Partager cet article
