Le 11 septembre du PEM français

Actualités - 13 sept. 2011

Triste dixième anniversaire, que les ex-salariés préfèrent appeler une commémoration : « un anniversaire, c’est lorsqu’une entreprise dure dans le temps. Moulinex est morte le 11 septembre 2001 » a dit l’un d’entre eux hier lundi matin, sur France info. La station radio  d’information a consacré un sujet entier sur la fermeture ce qui était à la fois le fleuron du petit électroménager français, un emblème nationale et un symbole de la fameuse libération de la femme par ce qu’on appelait jadis les arts ménagers.
 
Ce 11 septembre du secteur a été occulté par un autre plus grave encore, qui a vu des attentats détruire à New York les deux tours géantes du World Trade Centrer, symbole du commerce mondial, endommagé le Pentagone à Washington et s’écraser un avion de ligne en Pennsylvanie, avec un bilan terrible d’environ 3000 morts, des images d’horreur qui on marqué les esprits (chacun se souvient où il était en apprenant la nouvelle) et un ordre bouleversé du monde. Il serait indécent de comparer les deux événements mais leur survenue simultanée (on parle de synchronicité) a empêché de prendre la bonne mesure du drame humain et social subi ce mardi matin-là par les quelque 3 000 employés dans plusieurs usines de Normandie (Bayeux, Cormelles-le-Royal, Alençon, Falaise), région dont on ne peut oublier qu’elle fut la première libérer en juin 1944 par les Américains durant le Débarquement.
 
Le rappel des faits et les témoignages d’anciens salariés délivrés sur France ont eu, outre le mérite d’un devoir de mémoire, celui de donner la mesure des dommages induits par ces fermetures. Une salariée devait ainsi y fêter ses 30 ans d’ancienneté le 15 septembre, un autre annonce avoir passé quatre mois dans la rue après le départ de son épouse, d’autres encore  soulignent qu’il a ensuite été impossible de trouver un travail dans ce bassin d’emploi sinistré.  De fait, les chiffres sont sans appel : à peine plus de la moitié des salariés reclassés, l’autre moitié tombant au RMI et ses 420 €/mois, des divorces, des dépressions et une dizaine de suicides. 
 
Pour la déléguée CFDT de l’époque, « Seb a seulement racheté la marque et ses brevets pour aller produire en Chine ». Signe des temps et d’une mondialisation dont on ne voyait pas (ou ne voulait pas voir) les effets pervers ? Le journaliste de France Info a ainsi rappelé que Jean Mantelet (1901-1991), fondateur de la société en 1957, avait pour principe de « casser les prix et faire produire en volume dans une région où les salaires sont bas »…                            

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