La possibilité d’une île de Ré… ussite

Actualités - 31 mai 2022

Le métier de cuisiniste comprend de nombreuses spécificités qui font à la fois sa richesse et son niveau de compétences requis. Celles-ci sont-elles encore renforcées lorsque ce métier est exercé dans un contexte insulaire ? Réponses de Christophe Patat, gérant de Cuisines Sainte-Marie sur l’île de Ré. 

Culture Cuisine : Quel a été votre parcours professionnel avant de devenir cuisiniste ? 

Christophe Patat : « J'ai suivi une formation de mécanicien qui m'a amené à faire valoir mes compétences pendant longtemps dans les domaines des travaux publics, de l'automobile et de la moto. J'ai ensuite travaillé dans divers secteurs tels que l'événementiel, la logistique, etc.   

Culture Cuisine : Pourquoi avez-vous choisi de vous orienter dans le secteur des cuisines équipées en 2006 ? Et le fait de vous lancer à votre compte en 2008, soit l’année de la crise financière, sur une île, n'était-il pas particulièrement risqué ? 

Christophe Patat : En 2006, j'ai quitté la région parisienne et il a fallu que je trouve un travail en Charente. J’y avais un ami qui gérait un magasin d'électroménager et qui souhaitait vendre des appareils encastrables. Nous avons alors décidé d'y exposer des ensembles de cuisines équipées. Deux ans plus tard, mon épouse m'a déclaré qu'elle voulait vivre sur l'île de Ré qu'elle venait de découvrir lors d’un week-end. Nous nous y sommes donc installés et j’ai lancé immédiatement mon activité de cuisiniste à Sainte-Marie, principale ville de l’île. En réalité, le risque était mesuré car j'avais constaté que le marché de la cuisine y était dynamique et que le potentiel de clientèle était important, même si le nombre de cuisinistes est conséquent dans les environs, soit une trentaine à La Rochelle, ville la plus proche sur le continent (elle est située à 15 minutes en voiture) et trois sur l’île, complétés par des menuisiers qui représentent une part non négligeable du marché. De plus, je n'ai pas de magasin, ni de salarié, ce qui diminue considérablement les charges fixes. Je travaille en effet dans un bureau où je présente des échantillons de façades comme de plans de travail. Cette méthode de vente ne convient pas forcément à tout le monde, car certains consommateurs veulent non seulement voir, mais aussi toucher et manipuler les ensembles de cuisine dans les magasins, espérant y avoir un coup de cœur pour le modèle de leur rêve. De mon côté, je crée un climat de confiance avec mes clients et je travaille régulièrement avec des architectes d'intérieur avec qui nous partageons des idées et mettons nos compétences respectives pour valoriser et optimiser les projets d'installation. De fait, mon panier moyen, électroménager et pose compris, s'établit entre 15 000 et 20 000 €, qui est plutôt conséquent au regard du positionnement moyen de gamme assumé de mon offre produit.   

Culture Cuisine : L'île de Ré est de taille modeste (85 km2) et sa population varie de 18 000 habitants hors saison à plus de 180 000 en période estivale. Ces données génèrent-elles une approche particulière de votre métier, en termes de demandes, goûts et budgets de cuisine ? Et quelle est votre zone de chalandise ? 

Christophe Patat : Ma clientèle est composée de résidents permanents sur l'île de Ré et de propriétaires de résidences secondaires. Je travaille aussi un peu à La Rochelle ainsi qu’à Bordeaux ou Paris pour équiper les résidences principales de clients ayant investi dans l’île de Ré. Il s’agit souvent de gens qui font construire une maison ou la rénovent en prévision de leur retraite prochaine. Ils ont donc à la fois un certain âge et un pouvoir d'achat élevé, certains venant de Paris, mais aussi de Suisse et du Luxembourg. L'accès à la propriété est d'autant plus réservé à une frange élevée de la population que les prix de l'immobilier ont fortement augmenté - de l’ordre de 20 % - depuis le début de la pandémie du covid. Le prix moyen des maisons s’élève ainsi à 800 000 € aujourd'hui, mais de nombreux biens dépassent un voire deux millions d’euros. Au regard de ces données, on pourrait croire que les cuisines haut de gamme sont particulièrement recherchées sur l’île, mais ce n'est pas le cas comme j'ai pu le vérifier lorsque je vendais deux marques allemandes premium, me conduisant à adopter un positionnement moyen de gamme comme je l'ai évoqué. Je n’ai pas constaté de différences marquées en termes de demandes, goûts et budgets de cuisine entre les résidents permanents sur l'île de Ré et les propriétaires de résidences secondaires. »    

Propos recueillis par J.A

Partager cet article

La possibilité d’une île de Ré… ussite
La possibilité d’une île de Ré… ussite

Liens sur vignettes ci-dessous