Suite à notre article du 19 octobre dernier consultable sur le lien Castorama prime le service français de cuisines… roumaines ?, nous avons proposé à Dominique Weber d’apporter ses précisions sur l’origine des cuisines de VM88, sur son sentiment concernant le débat sur le protectionnisme français et sur son engagement pour la filière ameublement en Alsace-Lorraine.
Culture Cuisine : VM 88 est une société que vous avez créée en 2011. Pouvez-vous présenter ses principales caractéristiques ?
Dominique Weber : WM88 est une filiale de Weber Industries qui a repris l’usine de production Manuest située à Châtenois dans les Vosges. Elle occupe à ce jour 148 personnes spécialisées dans la conception et la fabrication de cuisines, salles de Bain et dressing livrés en kit à la grande distribution, auxquelles s’ajoutent 60 personnes chez notre prestataire logistique. Un partenariat fort lie l’entreprise au groupe Kingfisher, présent en France sous les enseignes Castorama et Brico Dépôt. L’entreprise Weber Industries crée en 1922 à Mertzwiller est historiquement tournée vers la conception et la fabrication de meuble meublant à base de bois massif en kit destinée aux enseignes de l’équipement du foyer et du jeune habitat. Au cours de ces 20 dernières années, le développement du groupe familial s’est appuyé sur la création de 2 sites de production en Roumanie. La création de WM88 répond à une nécessité de se développer sur des nouvelles familles de produits à base de panneaux de particules et avec des nouveaux circuits de distribution. Le couplage avec une logistique de contremarque livrable sous 10 jours en point de vente ou à domicile est un avantage concurrentiel fort et cela doit se faire en proximité des réseaux de nos grands clients.
CC : Produisez-vous vos cuisines en Roumanie comme pouvaient-le laisser penser vos propos dans Le journal des entreprises, repris la semaine dernière sur le site de Culture Cuisine ?
DW : Nous n’avons jamais fabriqué de cuisines en Roumanie. Seront toutefois étudiés des développements pour WM88 de façades en bois massif de la même façon que nous achetons des composants pour nos meubles, cuisines ou salles de bain dans le monde entier. Lorsque l’on travaille pour une grande distribution, la notion de rapport qualité prix service est une exigence quotidienne. Nous devons mieux maîtriser et accélérer les temps de développement de produits, la mise en industrialisation, en intégrant design, personnalisation de l’offre et intelligence du produit. Fractionnement des séries, intégration des styles et de la mode passent par de plus grandes souplesse et réactivité des outils de production afin de coller aux arbitrages de consommateurs contraints économiquement. L’investissement dans les systèmes d’information et la chaîne numérique est une urgence afin d’optimiser des savoir-faire ; cela peut se faire en proximité mais plus globalement là où les compétences se trouvent.
CC : Que pensez-vous du début actuel sur le protectionnisme français et se justifie t-il dans l’industrie de la cuisine selon vous ?
DW : A l’heure du grand village que devrait être l’Europe, ce protectionnisme à l’échelle de la France n’est pas le bon combat. Souvenons-nous de la Ligne Maginot! Croyons, plutôt, à la force créative de notre pays et portons-la collectivement au delà des frontières. Et tout cela n’est pas qu’une question d’argent mais de travail en réseau. Nous avons des voisins allemands et italiens qui ont mise en œuvre de telles pratiques depuis de longues années. Pour la cuisine, qui se construit essentiellement autours des métiers du panneau de particules, nous avons en France de grands producteurs et transformateurs, donc toute latitude pour les produire en France à condition d’y mettre de l’intelligence.
CC : Vous vous engagez fortement et activement pour l’essor économique de votre région. Comment se traduit-il ?
DW : Nous sommes en Lorraine et en Alsace sur des terres de savoir-faire historique de la fabrication d’ameublement et plus largement d’aménagement des Espaces de Vie. C’est une chance et j’estime que mon devoir est de participer à l’animation de grappes d’entreprise, comme le Plab (Pôle Lorrain Ameublement Bois) et le Pama (pôle Aménagement de la Maison en Alsace) avec l’aide de la branche professionnelle UNIFA et de son Centre de Formation Professionnelle AFPIA basé à Liffol Le Grand.
L’idée est de favoriser à partir d’actions collectives cofinancées par les Régions, l’Etat, la Datar et les fonds européens, la collaboration inter entreprises, comme le développement de nouveaux produits ou l’articulation d’offre globale. Ainsi, lors du prochain salon Equip Hôtel, le Plab et le Pama regrouperont plus d’une trentaine d’entreprises spécialisées dans l’aménagement des espaces de vie hôteliers avec une offre sur plus de 850 m2 ; réalisées sous l’égide d’un designer et sous une seule bannière Home Suite Home pilotée par le Pama, 15 innovations seront présentées dans les domaines de l’éclairage, domotique, des textiles techniques, du chauffage, de l’ameublement et la salle de bains.
Autre projet : la constitution d’une matériauthèque grand Est consistant dans la création d’une banque de données de 2000 matériaux en collaboration avec le FCBA, afin de permettre une meilleure irrigation de l’innovation dans nos bureaux d’étude et l’accélération de son intégration dans les process de production.
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