L'électroménager est-il volontairement périssable ?

Actualités - 17 sept. 2010

Alors que la prévention des déchets est au coeur des Assises nationales des déchets qui se tiennent à Paris depuis hier et jusqu’à ce soir, l’ONG Les Amis de la Terre evient de rendre public un rapport intitulé « L’obsolescence programmée, symbole de la société du gaspillage »  sur les produits électriques et électroniques. Selon ce dernier, l’association la durée de vie actuelle des appareils électroménagers serait aujourd’hui de 6 à 9 ans, contre 10 à 12 ans il y a une dizaine d’années, alors que, paradoxalement, les technologies n’ont de cesse de progresser. L’association met plus directement en cause « les stratégies mises en place pour réduire la durée de vie des produits qui augmentent considérablement le volume des déchets, mais aussi contribuent à l’épuisement des ressources naturelles ». Morceaux choisis de l’interview donnée à libération.fr  par sa responsable Anne-Laure Wittmann :

 
- Cette étude est-elle une première en France ?
- Anne-Laure Wittmann : « Oui. En France, l’obsolescence programmée est un concept très peu connu. C’est un sujet beaucoup plus connu dans les pays anglo-saxons, en particulier au Royaume uni. Cette tendance à l’obsolescence des appareils répond-elle, de la part des fabricants, à une volonté de faire des économies dans la fabrication, c’est-à-dire avec des technologies moins évoluées, ou dans la qualité des matériaux utilisés dans la fabrication?
Elle répond surtout à un souci de vendre plus, parce qu’il y a eu quand même des avancées technologiques. Mais nous sommes dans une ère de consommation de masse. L’idée, c’est de vendre des grandes quantités et le plus souvent possible. Les appareils ménagers sont donc volontairement fabriqués pour durer moins longtemps.
 
- Vous voulez dire que les fabricants font volontairement fabriquer des choses plus fragiles ?
- A-L. W : Concernant la qualité, il y a eu, comme vous le savez, une délocalisation massive de la production hors d’Europe, majoritairement en Asie, pour réduire les coûts, notamment en ressources humaines. Quant à la fragilité des produits, elle résulte de matériaux de moins bonne qualité. On peut aussi réduire la durée de vie d’un produit en faisant en sorte qu’il ne soit pas démontable (…). Dans ce cas, le réparateur ne pourra pas intervenir, car il y a un sceau qui l’engage en terme de responsabilité s’il dessoude puis ressoude. Ou alors parfois il est même impossible de dessouder et donc de procéder à la réparation. (...) Les réparateurs de chaînes hifi que nous avons interrogés nous ont dit qu’à partir des années 90 les appareils sont devenus plus difficilement réparables. Il y a eu une baisse des prix sur le bas de gamme qui fait que les produits ne sont pas réparables ou du moins ce n’est pas rentable économiquement de les réparer par rapport au prix d’achat de neuf.
 
- Que préconisez-vous ?
- A-L. W : En France, on a un modèle économique par rapport à la réparation qui ne va pas. On attend des revendeurs et des distributeurs qu’ils fassent en même temps la réparation. C’est le fameux service après-vente. Il y a un côté un peu schizophrène là-dedans. Moi, si je suis revendeur, je vais essayer de vendre, de faire du chiffre. Il faut un circuit économique de la réparation qui soit plus sain. Nous réalisons des guides locaux de la réparation et du réemploi. (…) De leur côté, les pouvoirs publics devraient imposer un rallongement de la durée de la garantie constructeur. Ils pourraient aussi davantage soutenir le secteur de la réparation (…) Les emplois liés à la réparation ne sont pas délocalisables, c’est de la main d’oeuvre française ».

Partager cet article

L'électroménager est-il volontairement périssable ?
L'électroménager est-il volontairement périssable ?

Liens sur vignettes ci-dessous