Indesit intègre Whirlpool

Actualités - 23 juil. 2014

En France, le sujet cruel et coupable de la désindustrialisation fait actuellement fleurir des discours nostalgiques sur la France des fameuses Trente glorieuses (1945-1973), durant laquelle notre pays a connu une croissance socioéconomique sans précédent. Celle-ci s’appuyait sur un immense élan général de modernisation de l’habitat des Français et d’amélioration de leurs conditions de vie. La France pouvait alors s’enorgueillir d’un savoir-faire industriel français efficace et réputé au-delà de ses frontières, notamment dans les biens d’équipements de la personne (vêtements, chaussures, jouets, fabriqués aujourd’hui pour 90 % sur d’autres continents) et de son foyer (mobilier, électroménager blanc et brun). Pas besoin de retourner le couteau dans la plaie en listant les entreprises et les marques de ces secteurs qui sont tombées dans les oubliettes d’une mondialisation qui, nous promettaient ces idéologues défenseurs, devait nous apporter des emplois de service plus qualifiés et moins pénibles (s’agit-il des plateformes de hotline des opérateurs téléphoniques et Internet qui ont été, d’emblée !, localisées de l’autre côté de la Méditerranée ?)          

 

Doit-on se consoler ou s’inquiéter que le mouvement de fond soit européen ? Par exemple, l’Italie, elle aussi jadis riche d’une forte industrie, dont l’essor a commencé une ou deux décennies avant la nôtre (notamment dans le Triangle économique bordé par Milan, Turin et Gênes) connaît elle aussi les affres de la mondialisation. Avec, à l’instar du dernier épisode de la saga FagorBrandt, la prise de contrôle, par des firmes étrangères, de ses grands groupes nationaux à capitalisme familial et de ses marques quant à elles connues à l’international : Ducati, Lamborghini, Loro Piana et, dans le domaine du siège haut de gamme, Poltrona Frau, toutes ses firmes étant confrontées à des problèmes de succession.

 

Mais ce qui vient de se produire est, selon PIerre de Gasquet, correspondant à Rome du journal économique Les Echos, un « coup de tonnerre dans le made in Italy : 80 ans après sa fondation, le numéro un italien de l'électroménager, Indesit, est passé sous pavillon américain. Après plusieurs mois de tractations, la famille Merloni, propriétaire du groupe éponyme fondé en 1930 par Aristide Merloni (et rebaptisé en 2004), a tranché. Elle a annoncé la vente de 60,4 % du groupe italien (66,8 % des droits de vote) à l'américain Whirlpool pour 758 millions d'euros (soit 11 euros par action). Le holding Fineldo avait confié un mandat de vente à Goldman Sachs en novembre, à la suite du retrait du patriarche, Vittorio Merloni, 80 ans, atteint d'une maladie d'Alzheimer ».

 

Deux autres candidats étaient en lice : le suédois Electrolux, déjà largement présent dans la Botte, et le chinois Sichuan. Notre confrère de la presse économique a repris les propos de   l'administrateur-délégué d'Indesit, Gian Oddone Merli, qui, qualifiant Whirlpool de « partenaire juste », s’est réjoui de cet accord. « Il va permettre au groupe de se doter de tous les instruments pour construire un avenir solide et durable ». Indesit a réalisé l’an passé un chiffre d'affaires de 2,67 milliards d'euros et un résultat net 3,2 millions d’euros. Coté à la bourse de Milan depuis 1987, le groupe transalpin a, comme la plupart de ses concurrents, été frappé de plein fouet par la chute de 40 % de la demande de produits blancs depuis 2007, mais aussi par l’arrivée massive en Europe de fabricants asiatiques (les coréens Samsung et L.G, mais aussi le chinois Haier), développant une stratégie offensive de conquête, dans le mass market de la grande distribution notamment        

 

Le groupe italien a conclu en mars un accord avec les syndicats sur un plan d'investissement de 83 millions d'euros sur trois ans dans la péninsule. Quid du français Scholtès, spécialisé en cuisson encastrable, et qui fait partie du portefeuille de marques d’Indesit ? De l’autre côté des Alpes, on affirme en tout cas que le renfort de Whirlpool devrait permettre au numéro trois européen de l'électroménager (derrière Bosch et Electrolux) d'éviter la tentation des délocalisations. Mais pas la perte totale de capitalisation italienne : selon Les Echos, Whirlpool prévoit de lancer une OPA (à 11 euros par action) sur le reste du capital d'Indesit en vue de son retrait de la cote. Le slogan de la marque éponyme devrait quant à lui rester écrit en anglais…   

Partager cet article

Indesit intègre Whirlpool
Indesit intègre Whirlpool

Liens sur vignettes ci-dessous