Grandeur et servitude d'Eurocucina

Actualités - 07 avril 2010

Le biennal salon Eurocucina ouvrira ses portes du 14 au 19 avril. Le parc d’exposition de Milan accueillera à nouveau une très large majorité de firmes italiennes de mobilier de cuisine. Si leur nombre est aussi élevé, c’est parce que l’industrie transalpine du secteur est probablement la plus atomisée d’Europe, comptant une centaine de marques émanant d’autant de sites d’assemblage de taille réduite et dont le rayonnement varie de l’échelle locale à internationale. Car les Italiens sont très tournés vers l’exportation. Si leur présence en France a accusé un recul l’an passé et si leurs concurrents allemands les dépassent largement (cf. notre article 2009, la crise en chiffres et lettres, en page 6 de la rubrique Actualités), leurs conditions structurelles de marché, de surcroît fragilisées par la crise, les poussent à chercher des sources de développement hors de la Botte.  Aussi tout laisse à penser que, adossées à un marché intérieur parmi les plus protectionnistes (avec l’Allemagne) pour des raisons diverses (socioculturelles et économiques), les marques italiennes tenteront comme de coutume d’exploiter au maximum le bénéfice de jouer à domicile. Salon au rayonnement international et au visitorat cosmopolite, Eurocucina est avant tout une vitrine servant à montrer urbi et orbi le savoir-faire national en matière de design. Notons que la foire italienne doit beaucoup son prestige à la tenue simultanée - et sur une surface bien plus vaste - du Salone internazionale del mobile, annuel quant à lui et dédié à l’ensemble de la création dans l’ensemble de l’ameublement (dont les fameux sièges).     

 
Depuis quelques années toutefois, on assiste à une participation accrue des sociétés étrangères qui franchissent les Alpes pour venir exposer. La volonté d’être présente à la grande messe du design n’explique pas à elle seule cette évolution. En effet, le taux d’exposants étrangers à Eurocucina ne dépassait pas les 10 %, dans les années 1990 ou au début de la décennie suivante, alors que les organisateurs (Cosmit) faisaient déjà de l’esthétique à l’italienne l’atout numéro 1 de la manifestation. Mais l’époque était marquée par une bipolarisation des grands salons de la cuisine intégrée en Europe : à Milan étaient l’image et le design (à dominante de stands italiens), à Cologne le business et les échanges (à dominante, même si moins insolente, de stands allemands), chacun tentant en vain de capter l’avantage de l’autre tout en entretenant une paix armée. Ce Yalta de la cuisine était disputé par des salons à dimensions plus nationaux qui jouaient plus ou moins brillamment les seconds rôles à l’échelle européenne, tels Espace Cuisine & Bain à Paris, Batibouw à Bruxelles, ou encore le Sici de Madrid, sans doute celui a le mieux réussi le crossover d’offre internationale et inter-sectorielle (mobilier, électroménager, sanitaire).
 
Or, le retrait de la grande manifestation de cuisine sur les rives du Rhin a libéré un espace pour sa concurrente milanaise désormais seule apte à accueillir à grande échelle et notoriété des firmes ayant toujours le besoin d’exposer leurs nouveautés. C’est ce qui explique la présence de Mobalpa (cf. article de cette semaine) ou d’autre firmes non italiennes. Dans le même temps, la disparition de la géante Domotechnica (colonaise aussi), non comblée par la tenue de l’IFA de Berlin, lointain et surtout coté pour ses produits bruns, a conduit les grandes marques d’électroménager encastrable à dévoiler leurs produits en capitale lombarde avec les fabricants de cuisine. Une situation inédite donc, et qui pourrait bien le rester : Cologne entend bien revenir en force dès janvier 2011 avec la tenue de Living Kitchen, réunissant poids lourds de la cuisine et de l’électroménager…                     

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Grandeur et servitude d'Eurocucina
Grandeur et servitude d'Eurocucina

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