Electroméninges et philosophie

Actualités - 16 sept. 2011

Edgar Morin, l’un des philosophes français les plus renommés, et Pascal Picq, paléoanthropologue, ont échangé leur vue sur le thème « Et si le développement  n’était pas durable ? ». Morceaux choisis :
 
Edgar Morin :
« L’homme s’est engagé dans une course folle en matière de développement, appliqué de manière exclusivement quantitative (avec le dogme du toujours plus) , et non pas qualitative (visant le toujours mieux). Or, ces deux notions sont indissociables dans le développement biologique, humain ou animal. Les sociétés doivent revenir à ces deux notions en ne faisant plus primer les aspects économiques et technologiques, mais aussi culturels et spirituels, car ces derniers plus longtemps, ceux-ci sous peine de subir des crises graves. Il n’y a pas, par définition, de développement durable car rien ne dure éternellement. Ainsi, comme le rappelait le philosophe Héraclite, on ne se baigne jamais dans la même eau, et Bouddha a signalé quant à lui que tout est impermanent ».
 
Pascal Picq :
« Les crises sont normales et non pas des accidents causés par une erreur dans l’organisation de notre système socio-économique. Cette croyance est générée par le fait qu’au sortir de la Deuxième Guerre mondiale, les baby-boomers, devenus aujourd’hui des papy-boomers n’ont pas connu de crise pendant 50 ans : pas de guerre, pas de grande épidémie et pas de grandes catastrophes naturelles. Or, auparavant il y a toujours eu des crises qui ont conduit les hommes à opérer le changements nécessaires ».      
 
Edgar Morin :
« Les changements ont toujours été initiés par les déviants, c’est-à-dire des hommes aux idées révolutionnaires et qui n’étaient surtout pas appréciées par la majorité de leurs contemporains. C’était le cas de Jésus, Bouddha, Marx, etc. avant qu’ils fédèrent des populations entières et changent radicalement le monde. Aujourd’hui, nous arrivons au bout d’un système et il va nous falloir en changer complètement (sans passer par la guerre car nous avons les armes pour détruire l’humanité. Sans ce changement de civilisation, nous courons à notre perte ».   
 
Pascal Picq :
« Il n’y pas de bons ou de mauvais modèles de société, mais des modèles qui doivent savoir s’adapter sous peine de disparaître ».
 
Edgar Morin :
« Nous sommes possédés par une maîtrise des choses que nous ne maîtrisons plus. C’est ce qu’a provoqué la dérégulation d’un libéralisme devenu sans limite ».   

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