Dix ans avant Eurocucina 2010…

Actualités - 22 avril 2010

La cuisine italienne vient de célébrer son grand événement, dont les ambitions de rayonnement international auront seulement été contrariées par les cendres éjectées d’un volcan islandais. Reste à savoir à quel degré l’aura de la manifestation milanaise en aura été ternie auprès des étrangers se retrouvant en galère pour monter dans un avion pouvant atterrir pas trop loin de chez eux, dénicher une des rares places de train encore libres pour raison de vacances scolaires et de grève à la SNCF, louer une voiture pour remonter par la route, voire réserver une chambre d’hôtel située à moins de 50 km du Parc d’exposition et proposée à des tarifs non exorbitants (encore plus rares que les places de train). Ces aléas pour ceux qui sont venus puis ont tenté de repartir n’ont pas empêché les régionaux de l’étape Eurocucina de jouer sur l’image branchée et design (prononcer : di-zaaaïï-gne) de leurs cuisines, occultant avec un talent incontesté une réalité de marché intérieur bien moins glorieuse.

 
En regardant ce tableau et ses contrastes, il est difficile de ne pas se souvenir (et pénible de s’en rappeler) qu’au tout début de cette décennie, qui s’achèvera le 31 décembre, se tenait à Paris la dernière édition d’Espace Cuisine, Espace Bain. Ce rendez-vous, biennal lui aussi, réunissait une soixantaine d’exposants représentant principalement l’offre française de cuisines intégrées, mais aussi des opérateurs italiens et allemands, ainsi que des acteurs de l’électroménager encastrable, des éviers et de la robinetterie. Las… Dix ans plus tard, le constat est pénible, en braquant une lumière aussi crue que cruelle sur l’évolution funèbre de la production tricolore du secteur. Ont ainsi disparu : les cuisines Teisseire, Cesa, Gilet, Delacroix, Martin, ou encore la Savoyarde du Meuble. La nature ayant horreur du vide, et le marché français ayant de surcroît profité d’une croissance continue jusqu’en 2008, d’autres firmes ont progressé, les leaders (Groupe Fournier et Salm) creusant l’écart avec leurs suivants. Restent alors des marques qui doivent se battre pour prendre leur part d’un gâteau convoité désormais par une concurrence nationale (Roux-Hardy, Arthur Bonnet, Sagne, Cuisines Philippe-Godin qui a intégré Chabert Duval, etc.), mais aussi - voire surtout -  les défendre face à des fabricants no-name allemands bien plus gros qu’eux (Nobilia, Häcker, Schüller, etc.) qui, aidés par un euro fort et une productivité imparable, investissent les réseaux tradi indépendants, les enseignes spécialistes de cuisines (Ixina, Cuisines Plus, Aviva, etc.), ou les GSS (Darty, Boulanger, But, Atlas, etc.). Et enfin, bien sûr, il y a le suédois Ikea qui se sera imposé premier vendeur en volumes de cuisines dans l’Hexagone, au gré d’une mutation décennale plus profonde que certains l’ont cru et plus durable que les mêmes veulent l’espérer.   
 
Seules les marques placées véritablement en haut de gamme, Poggenpohl au premier chef, semblent échapper à cette concurrence. Le fait qu’elles n’exposaient pas dans les halls de la Porte de Versailles pour Espace Cuisine, Espace Bain, ne doit pas être traduit comme un paradoxe de plus sur un secteur où ils abondent. Il ne doit pas non plus faire oublier qu’à une belle époque pas si lointaine, la France de la cuisine pouvait se targuer d’avoir un salon professionnel et grand public spécifique, certes moins important qu’à Milan ou à Cologne (où il va renaître de cendres qui n’ont rien à voir avec la vulcanologie), mais dont la dimension nationale attirait aussi des étrangers…  

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Dix ans avant Eurocucina 2010…
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