Alors que l’annonce de l’arrivée massive des voitures électriques chinoises et, pour la contrer, le débat sur l’imposition de droits de douane par l’Union européenne, ont constitué l’un des sujets économiques majeurs au premier semestre, nous avons demandé à quatre cuisinistes indépendants s’ils étaient prêts à référencer une marque chinoise d’électroménager encastrable si elle proposait les mêmes caractéristiques que les européennes, mais à des prix plus bas. Comme le dit l’un d’eux : « La question mérite d’être posée. »
Certes, il ne s’agit que de quatre cuisinistes, mais leur indépendance de référencement et de méthodes de vente leur confère un libre arbitre qui s’est traduit par des avis partagés et des propos étayés. Cela montre que le sujet de la vente de marques chinoises d’électroménager encastrable suscite une réflexion dont les marques européennes devraient s’inspirer, alors même qu’elles déplorent une conjoncture difficile depuis le début 2023, conformément au marché de la cuisine équipée. En commerce comme en industrie, nulle position n’est en effet gravée dans le marbre, surtout lorsque le marbre devient glaise pétrie et façonnée par la mondialisation accélérée de l’économie mondiale… en espérant qu’elle ne devienne ni vase, ni sables mouvants.
J.A
Julien Launay, gérant du magasin Samo à Angers (Maine et Loire) :
« La question mérite d’être posée, car elle reflète bien les enjeux actuels du marché : prix, qualité perçue et confiance dans les marques.
Pour ma part, je reste très attaché à la notion de fiabilité, de SAV réactif et de transparence dans les conditions de production. Si une marque chinoise devait remplir toutes ces exigences — performances techniques, esthétique soignée, durabilité, service après-vente local efficace, et garanties comparables aux standards européens — alors je pourrais envisager de la référencer. Mais à ce jour, je n’ai pas encore été convaincu par une offre qui coche toutes ces cases de manière suffisamment fiable et rassurante pour mes clients.
Je reste ouvert à l’innovation, mais toujours dans une logique de confiance, de traçabilité et de service. Car derrière chaque produit que nous proposons, c’est aussi notre image et notre engagement de cuisiniste indépendant qui sont en jeu. »
Alain Maillet, gérant du magasin A.I Concept à Fontainebleau (Seine-et-Marne) :
« NON par principe… Je crains trop de décevoir mes clients… Vendre c’est bien, mais lorsqu’il y a un SAV…
Je suis plutôt du genre « Vieux C.. » ; donc WAIT AND SEE… » (les majuscules sont de l’auteur de la tribune libre, ndlr)
Alexis Roucout, gérant du magasin Roucout Cuisines à Plancoët (Côtes d’Armor) :
« Bien sûr que oui. Des marques comme Haier prouvent que ça devient possible. Le marché chinois est infiniment moins stupide que l’occidental. Ses entreprises développent à tout va pendant que nous régressons. Par ailleurs, l’Asie est le réel fabricant de tous les électroménagers vendus en Europe. 30 ou 40 ans de désindustrialisation forcenée par les gouvernements successifs auront la peau de nos facultés régaliennes. Allons donc au bout du raisonnement… »
Thierry Soleau, Tourny Cuisines à Bordeaux (Gironde) :
« Nous travaillons déjà (à contrecœur) depuis des années avec des gammes chinoises. Il est en effet impératif à mes yeux de s'adapter passagèrement au panier moyen en repli. »
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