Lamour, toujours, du métier de « cuisinologue »

Actualités - 27 oct. 2020

 

Début 2010, le site Culture Cuisine ouvrait ses colonnes numériques et interviewait notamment Stéphane Lamour, cuisiniste installé en Vendée. Une décennie s’est écoulée et il n’a rien perdu de sa passion en gardant son souci de se distinguer comme « seul cuisinologue de France. »

 

Culture Cuisine : Dix ans après votre interview diffusée sur Culture Cuisine (lien en fin d’article), qu’êtes-vous devenu ?

Stéphane Lamour : « Il y a dix ans, je dirigeais trois magasins de cuisine en Vendée, situés à La Roche-sur-Yon, Challans et aux Sables d’Olonne, et qui employaient 11 salariés pour 2,5 millions d'euros de chiffre d'affaires. Quelques temps après notre entretien sur Culture Cuisine, j'ai subi de plein fouet le contrecoup de la crise de 2008/2009 et j’ai dû me repositionner en changeant de fournisseur d'ensembles de cuisine. De fait, en 2010, mon panier moyen s’élevait à 17 000 € et il s'établit aujourd'hui à 12 000 €.  J'ai désiré rester indépendant et ne pas dépendre d'un système de franchise comme celui des enseignes nationales des groupes Schmidt ou Mobalpa. C’est pourquoi je distribue exclusivement la marque Pyram, même si elle n'apparaît pas sur mon enseigne qui reste à mon nom de société, car c’est sur celui-ci que repose ma notoriété locale. Je n'ai conservé qu'un seul magasin de petite superficie (39 m2) implanté aux Sables d'Olonne, à 100 mètres du marché Arago où j'ai passé mon enfance. Je m'épanouis pleinement dans cette nouvelle configuration avec laquelle j'emploie un seul salarié concepteur-poseur et l’année 2020 sera la meilleure depuis 2013 en dépit de la crise du Covid-19 et du confinement. On peut aussi penser que ce dernier a peut-être, au contraire, encouragé les affaires, en amenant les Français à reconsidérer l'importance de leur intérieur, les motivant à y investir davantage de budget, extrait pour certains de l'argent qu'ils n'ont pas dépensé pendant les vacances d'été. J'ai donc préféré privilégier ma qualité de travail plutôt que la quantité, en capitalisant sur la notoriété de l’enseigne localement bâtie depuis 33 ans. Ainsi ma zone de chalandise se situe dans un rayon de 30 km autour du magasin, même s'il m'arrive de faire quelques chantiers à Paris, voire en Suisse. 

 

 

Culture Cuisine : Quel regard portez-vous sur l’évolution du marché de la cuisine équipée et de votre métier de cuisiniste au cours des dix années écoulées ?    

Stéphane Lamour : En dépit de l'évolution générale à la baisse des budgets consacrés par les consommateurs français à l'achat de leur cuisine, le marché est resté sensiblement le même. Sa segmentation tripartite (entrée de gamme, moyen de gamme et haut de gamme) n'a pas changé et les circuits de distribution sont toujours variés, répondant à différentes cibles de clientèle. La seule évolution notable réside en réalité dans le fait que les cuisinistes peu sérieux se sont orientés vers des produits moins qualitatifs pour conserver leurs marges commerciales et donc financières, ne faisant plus faire l'effort d'argumenter pour justifier les prix logiquement plus élevés d’ensembles de cuisine mieux conçus et plus sophistiqués. Un exemple significatif de cette dérive est le recours trompeur à des mélaminés noirs mats plus abordables en termes de prix, mais nettement moins qualitatifs que le véritable Fenix.  

 

Culture Cuisine : Que pensez-vous de l'évolution de la représentation des cuisinistes auprès des pouvoirs publics ?

Stéphane Lamour : J'ai quitté le Snec il y a quelques années car j'estimais qu'il était avant tout un syndicat de fabricants et non de cuisinistes. De fait, il ne répondait pas assez efficacement aux besoins spécifiques de notre profession. Aujourd'hui, il n'est toujours pas représentatif de l'ensemble des distributeurs indépendants et ses instances de direction sont plus fortement dominées qu'avant par les deux premiers groupes français de fabrication et de distribution.  

 

Culture Cuisine : Dix ans d’expérience apportent de la sagesse dans l’exercice de son métier. Mais avez-vous gardé le même enthousiasme, voire la même passion qu’il y a dix ans ?

Stéphane Lamour : Absolument et je continue d'exercer du lundi au samedi inclus ce que je considère non pas comme un métier, mais comme une passion, tout en me ménageant des moments de liberté et de détente sans le stress de devoir rattraper un chiffre d'affaires éventuellement perdu. Ma passion est restée intacte car elle n’a jamais dépendu des conditions de marché, mais d’une approche personnelle de ce métier qui ne ressemble à aucun autre. J'ai toujours eu le souci de l’exercer le mieux possible et de me distinguer de la concurrence. C’est pourquoi je me qualifie officiellement de cuisinologue, terme que j'ai déposé à l’Inpi et qui figure sur mon véhicule de fonction. Il y a ainsi un peu moins de 4000 cuisinistes en France et un seul cuisinologue. »  

 

Propos recueillis par J.A 

Article du 19 octobre 2010 à relire sur le lien Pour Lamour de la cuisine

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Lamour, toujours, du métier de « cuisinologue »
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