Des cuisines dans la veine d’un gardien du temple

Actualités - 12 oct. 2021

Créateur et fabricant de cuisines depuis 1981, Guy André défend fièrement son statut d’artisan dans son atelier et son show-room installés à Ugine en Savoie. Conçues selon des procédés traditionnels dont il est, comme ses pairs, « un gardien du temple », et vendues sous la marque Belle belle belle, ses cuisines développent un style authentique de bois contemporain au veinage singulier, pour lesquelles les clients acceptent d’attendre 8 à 12 mois.

Culture Cuisine : Quelle est votre parcours professionnel ?

Guy André : « Après avoir suivi une quadruple formation d'ébénisterie, de menuiserie, de charpente et de sculpture sur bois, j’ai commencé la conception et la fabrication de cuisines en Belgique, près de Bruxelles, créant en 1981 une entreprise, dans laquelle mes frères sont venus travailler et qui s'est fortement développée. En 2010, lassé du climat humide de mon pays natal, je suis parti avec ma famille m'installer près d'Aix-en-Provence où j’ai fondé une nouvelle société dans le même domaine d'activité. Celle-ci a aussi connu une réussite rapide. En revanche, mon couple a battu de l'aile et, suite à mon divorce, j'ai décidé en 2017 de revendre l’entreprise à mon ex-épouse qui continue aujourd'hui encore de la gérer avec succès. Afin de réaliser un vieux rêve. je me suis implanté à la montagne. Diverses raisons m'ont amené à choisir la ville d'Ugine, située dans une belle vallée savoyarde entre Albertville et Annecy.

Culture Cuisine : Quelle est l’activité actuelle de votre entreprise ?

Guy André : Elle consiste dans la conception et la fabrication intégrales de cuisines équipées, du premier coup de crayon jusqu'à la pose chez le particulier, au travers d’un procédé exclusivement artisanal dans mon atelier. J'ai bien sûr des machines-outils, mais ce sont des machines à bois dont se servent tous les artisans et aucune n’est à commande numérique. Je n’utilise jamais d’aggloméré, réalisant uniquement des caissons en bois, généralement du sapin recouvert de chêne, et toujours en réel sur-mesure. Cela signifie que je n'ai pas recours à des fileurs, mais que j'adapte précisément les dimensions de mes meubles à celles des pièces dans lesquelles ils doivent s’intégrer. Aucun n'est donc de dimensions standard et il est même très rare qu'elles soient en chiffre rond, comme 100 ou 80 cm de largeur, mais plutôt en 99,6 cm ou 81,4 cm, par exemple. C'est pourquoi chaque cuisine sortant de mon atelier est véritablement unique, car elle correspond parfaitement aux spécificités de chaque logement. Je pousse même le souci de personnalisation jusqu’à proposer à mes clients de choisir eux-mêmes, directement dans mon atelier, les panneaux et feuilles de bois qui serviront à la conception de leur cuisine. Cette démarche de distinction est immédiatement visible avec les façades que je réalise en placage sur MDF de chêne français et de chêne chablis. Ce dernier provient d'arbres couchés par une tempête et qui sont remplis de sève ayant brûlé l'intérieur du bois. Un tel phénomène génère de très fortes variations de teintes et un veinage très marqué, ce qui me permet de proposer un style original de bois contemporain, se démarquant à la fois de celui souvent employé dans les chalets des Alpes, et des modèles proposés par les industriels européens.   

Culture Cuisine : Quels sont les délais de livraison et les prix moyens de vos cuisines ?

Guy André : Les délais de livraison varient entre 8 et 12 mois, car si avec mes deux salariés, nous fabriquons deux à trois cuisines par mois, la demande est forte, nourrie par un bouche-à-oreille positif s’étendant dans les deux départements de Savoie. Avant la pandémie du Covid-19, cette demande était encore plus intense, une partie importante des commandes étant réalisée durant les foires régionales auxquelles je participais. De fait, les délais de livraison pouvaient atteindre seize mois ! Les prix publics varient entre 15 000 et 25 000 euros,  pose incluse mais hors électroménager. Certains modèles, aux façades particulièrement exclusives, peuvent monter jusqu’à 40 000 €.     

Culture Cuisine : Proposez-vous aussi des dressings ou des meubles de séjour ou de salle de bains ?

Guy André : Je ne réalise pas de dressing, mais il m'arrive de concevoir des meubles de séjour ou de salle de bains pour des clients, à condition qu'ils m'aient déjà acheté une cuisine. Ce genre de demandes est toutefois rare et, comme la cuisine constitue à la fois le cœur de mon activité et de mon savoir-faire, je préfère lui consacrer tout mon temps.

Culture Cuisine : Quelle est votre vision des artisans concepteurs de cuisines équipées et de leur rôle sur le marché français ?     

Guy André : Je pense que les artisans sont des gardiens du temple, en cela qu’ils appliquent et assurent la pérennité des méthodes traditionnelles de travail constituant les spécificités de cet univers singulier de l'ameublement et de l'équipement de la maison. Car, contrairement aux concepteurs vendeurs qui adaptent en magasin les couleurs et configurations de modèles proposés dans les catalogues des fabricants, les artisans sont de véritables créateurs d’ensembles, en partant à chaque fois d'une feuille vierge. Cette compétence est recherchée et appréciée par nos clients. S’y ajoute le fait que la fabrication et la vente de peu de cuisines par mois suffisent à notre activité. Tout cela nous place hors du champ de la concurrence commerciale qui se développe tous azimuts sur le marché français de la cuisine. »

Propos recueillis par J.A

 

 

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