Comment la S.F a vu l’habitat de l’avenir

Actualités - 13 juil. 2021

Et plus précisément comment le plus grand auteur du genre, Philip K. Dick, décrivait la cuisine en 1974. De son côté, Kevin O’Donnel annonçait en 1983 le télétravail avant son développement pour cause de pandémie, et décrivait la maison connectée bien avant son invention, donnant même une version restant à élaborer.

« Elle frappa violemment sur la table qui bondit follement pour rassembler les assiettes vides, comme un animal surpris. La table fonça à grande vitesse hors de la pièce pour regagner la cuisine, les assiettes tournant déjà dans le réservoir de lavage pendant qu’elle détalait. (...)

Le salon était tranquille ; l’appareil vidéo était débranché et la lumière était faible. Dans la cuisine, Ruth et réglait les commandes du réchaud pour les repas du mois à venir. »

Philip K. Dick, Forster, vous êtes mort, 1974

« Avec La brousse (dans le recueil L’homme illustré, publié en 1954 , et Il viendra des pluies douces (dans Chroniques martiennes, 1954), Ray Bradbury a peut-être inventé la domotique, terme assez barbare pour désigner la maison automatisée et informatisée, riche de sa gestion automatique et de tout ce qu’il est convenu d’appeler aujourd’hui la réalité virtuelle. (...) Mais ce que ni Bradbury, ni ses contemporains ne semblent avoir prévu, à l’exception de Murray  Leinster dans sa nouvelle Un logique nommé Joe, qui date pourtant de 1946 (dans Demain les puces), c’est la combinaison ou plutôt l’intégration de la domotique et des grands réseaux informatiques. Elle permet d’avoir toutes les informations du monde à portée immédiate d’écran, aussi grand et aussi parfait qu’on voudra, et en quelque sorte le monde entier à domicile. Elle introduit (...) à une généralisation du travail à domicile au moins pour toutes les activités qui consistent à créer, traiter et distribuer de l’information, c’est-à-dire celles qui promettent de se développer de façon exponentielle dans l’avenir.

 Le véritable sujet d’ORA:CLE, qui lui a valu le prix Mannesmann-Tally et l’intérêt des informaticiens, c’est celui-là, au-delà des ingrédients plus traditionnels comme la présence d’extra-terrestres redoutables encore que discrets sur notre Terre et les conflits entre maîtres du clavier électronique. Aël Elcatravain (protagoniste principal de l’histoire, ndlr) ne quitte pratiquement jamais son appartement, sauf pour aller soigner ses bonzaïs sur sa terrasse, en partie à cause de la menace que font peser les Dacs, mais surtout parce que ni lui ni sa femme, Emdée Aussincante, n’en ont réellement besoin. Ils font leurs courses à domicile par transmetteur de matière (...).  Cette apparente claustration ne leur pèse pas puisqu’ils peuvent communiquer avec tout autre individu de la planète et ont accès de façon immédiate et parfaitement réaliste, encore qu’illusoire, à toutes les bibliothèques, tous les musées, tous les spectacles, tous les paysages de la planète. 

(...) Dans vingt ans, on lira peut-être avec attendrissement, sans nul doute avec intérêt, ORA:CLE en considérant probablement la popularisation des ordinateurs et de leurs multiples descendants comme une révolution aussi importante pour l’histoire de l’espèce humaine celle de l’agriculture au néolithique. » 

Gérard Klein, préface rédigée en 1986 pour la traduction française (Robert Laffont / Livre de poche) du livre ORA:CLE de Kevin O’Donnel

Visuel : dessin de Manchu pour la couverture de l’édition au Livre de poche  

Liens vers d’autres maisons du futur :

https://www.dwell.com/article/futuristic-home-designs-cf54ae58

http://www.home-designing.com/futuristic-home-interiors-shaped-by-technological-inspiration

https://www.pinterest.fr/Clementcividino/bulle-6-coques-j-maneval/

http://indexgrafik.fr/maison-bulle-jean-benjamin-maneval/

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