Nobilia passe la barre du milliard !
L’industriel allemand a franchi ce cap aussi symbolique qu’impressionnant et creuse encore davantage l’écart avec les autres industriels allemands qui dominent le marché européen de la cuisine équipée.
C’est fait ! Nobilia a franchi la barre aussi symbolique qu’impressionnante du milliard d’euros de chiffre d’affaires, terminant son exercice 2015 à 1,018 Mrds€, en progression de 7,6 %. A vrai dire, on s’y attendait, annonçant même le dépassement de ce cap dans notre article du 23 avril 2014 Tout ce que vous voulez savoir sur Nobilia, qui révélait déjà que le géant, en croissance constante, s’approchait de cette performance. Prévisible, celle-ci n’en donne pas moins le vertige, que l’on observe ce résultat depuis le sommet ou depuis le sol. Comme la tour de Burj Khalifa et ses 828 mètres verticaux au cœur de Dubaï ont sérieusement relativisé les hauteurs jusqu’alors sidérante des plus hauts gratte-ciel du monde (la Tapei 101 et ses 508 mètres ou les tours jumelles Petronas de Kuala Lumpur et leurs 452 m, ne parlons pas de notre vénérable tour Eiffel et ses 324 mètres), Nobilia rend moins colossale le taille des autres industriels allemands qui dominent - c’est peu dire - le marché européen de la cuisine équipée. Ses trois principaux rivaux (Schüller, Häcker, Nolte Küchen) atteignent ainsi environ 400 millions d’euros, comme la Salm, leader français qui a creusé l’écart avec le groupe Fournier et ses quelque 250 millions de chiffre d’affaires (ne parlons pas des autres fabricants français, dont l’activité est encore divisée par 10). Employant 2795 salariés, Nobilia a produit 630 000 cuisines l’an passé, soit l’équivalent de la quasi-totalité du marché français !
La comparaison n’est pas innocente : notre pays représente - et de loin, suivi de la Belgique avec 14 % et de l’Autriche avec 12 % - le premier marché étranger (42 %) de la firme de Verl attirée par son dynamisme et son potentiel, tant en taux d’équipement domestique à pourvoir, qu’en termes démographiques (ce qui pose la question de la faible croissance, voire de la défaillance de fabricants français sur leur propre terrain). Ce rang s’explique aussi par le fait que le tissu de la distribution de cuisines équipées profite à Nobilia, fournisseur principal, sinon exclusif de la quasi-totalité des enseignes généralistes en ameublement (But et Conforama au premier chef), comme de celles spécialisées en cuisines telle que Cuisines Plus, Ixina et Cuisines Références (regroupée sous la holding FBD que la société germanique a achetée l’an passé), Aviva ou encore Darty (cf. notre article Le nouveau géant français de la distribution est-il allemand ?). Une omniprésence qui, par définition, est synonyme d’uniformisation de l’offre (Nobilia ayant érigé son gigantisme sur une stratégie efficace de rationalisation des volumes à outrance, permise par les usines de montage de cuisines les plus productives et automatisées d’Europe, et sans doute du monde). Or, à l’heure d’une demande de personnalisation croissante émanant des consommateurs et à laquelle doivent répondre la distribution spécialisée ou non, cette force du géant germanique risque de devenir, non sa faiblesse, mais un frein à son développement (il semble que certains magasins Darty Cuisine mettent davantage en avant les gammes plus haute et variées de Berckermann, deuxième fournisseurs de l’enseigne). Est-ce ce qui pousse Nobilia a (re) lancer sa marque Noblessa destinée aux cuisinistes, avec pour l’heure des résultats poussifs ? Quoi qu’il en soit, frein ne veut pas dire arrêt, et Nobilia devrait continuer de progresser, notamment à mesure des développements d’Ixina.
Enfin, il faut noter que si l’exportation a été le premier vecteur de sa croissance (+14,7 % pour un total de 427,3 millions d’euros), le marché intérieur de Nobilia a aussi enregistré une hausse (3 %) et, contrairement aux idées reçues, occupé la majeure partie de son activité (58 %, soit 591,1 M€).
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