La cuisine, un « minimum vital »

Actualités - 29 juin 2021

C’est en tout en cas le principe qui a guidé la conception en 1926 de la fameuse cuisine de Francfort, considérée comme le premier modèle de cuisine équipée moderne, et fabriquée à 10 000 exemplaires. Jusqu’au 22 août, dans le cadre de l’exposition Déjà-Vu, le design dans notre quotidien, le musée d’Art moderne et contemporain de Saint-Étienne Métropole revient sur une histoire jalonnée par Margarete Schütte-Lihotzky, Charlotte Perriand et Otl Aicher.

Développée en 1926 par l’architecte Margarete Schütte-Lihotzky pour un projet d’habitat social à Francfort-sur-le-Main, la cuisine de Francfort est pensée pour économiser les mouvements du cuisinier en facilitant ses mouvements et l’accès à ses rangements et ustensiles. Rectangle long et étroit comme un couloir de1,87m de large et 3,44m de long, soit 6,5 m2 de superficie, cette cuisine est considérée comme la pionnière des cuisines équipées modernes. Chaque millimètre s’avère rationalisé afin d’optimiser un maximum d’espace. Elle est également la première cuisine à être séparée de la pièce à vivre. Environ 10 000 unités de cette cuisine sont fabriquées dans le cadre de la construction de nouveaux logements à Francfort, intégrées à des appartements construits selon la théorie du « minimum vital » (« Existenzminimum ») : soit un espace réduit à l’essentiel, adapté à la taille d’un ménage et répondant à des besoins vitaux.

En 1950, les unités d’habitation de Le Corbusier reprendront les préceptes de la cuisine de Francfort. Conçues par la designer Charlotte Perriand, ces cuisines sont exposées au Salon des Arts Ménagers. Elles font de la cuisine le lieu central du foyer, un espace à demi ouvert sur le salon favorisant la convivialité et la communication. L’ergonomie y est là aussi primordiale.

Question simple, quoique complexe à résoudre

Si la cuisine devint fonctionnelle et rationnelle avec Margarete Schütte-Lihotzky, le fabricant de cuisines allemand Bulthaup, créé en 1949, a su redéfinir dans les années 1980 son rôle au sein du foyer. L’entreprise se pose alors une question simple, quoique complexe à résoudre : comment créer une cuisine nouvelle ? Bulthaup passe commande à Otl Aicher, graphiste et fondateur de l’école d’Ulm en Allemagne. Ce dernier, accompagné de Gerd Bulthaup, alors directeur de l’entreprise, effectue une cinquantaine de voyages d’études afin d’analyser comment les cuisines sont construites, leurs origines culturelles et leurs fonctionnalités avant de proposer une conception radicale pour l’époque. Aicher constate que la cuisine appelle à être le lieu de partage, de communication dans une maison. Les personnes, les objets, les aliments vont converger en son centre. Il appelle dès lors à construire une cuisine à 360 degrés.

Le fabricant sis à Bodenkirchen, au nord-ouest de Munich, adopte ses préceptes dès 1984 avec le Système b, suivi de la cuisine Système 20. Celle-ci se veut intégrée ou, au choix, intégrante. Elle peut se combiner avec plusieurs types d’aménagement par la neutralité de son design et l’autonomie de ses différents accessoires. Dès lors, la cuisine n’est plus clôturée ou isolée. Elle devient un lieu de vie, un lieu central dans le foyer, un système mobile, variable, voire nomade.

Visuels :

En haut à droite : extrait du film d’explications de la conception de la cuisine de Francfort sir le site Museumtv.art, à visionner en cliquant ici.

Ci-dessus : Wikipedia

Ci-dessous en galerie : Exposition Déjà-Vu, le design dans notre quotidien - Musée d’Art moderne et contemporain de Saint-Étienne Métropole

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