Vers un tournant du concept de la cuisine intégrée ?

Actualités - 19 févr. 2010
La cuisine actuelle s’éloigne progressivement de celle du XXe siècle. Explications.
Les années 1900 ont vu naître un nouveau type de cuisine installée du côté des pièces d’habitation et ouverte. Avec ce statut familial, elle se différenciait nettement de l’office des classes supérieures, réservé aux domestiques, et du recoin cuisine de la pièce commune paysanne. Cette nouvelle cuisine a fait l’objet à partir des années 1920 et 30 d’une intense recherche de la part des architectes. Elle a abouti à la définition de la cuisine moderne. Celle-ci devait être pratique (on dirait ergonomique aujourd’hui) pour éviter à la ménagère d’y faire de trop longs parcours (aménagement selon le triangle d’activité pour passer avec aisance de l’évier à la table de cuisson et au réfrigérateur) ou de se blesser en manipulant des plats chauds ou des objets coupants. Et surtout, elle devait être hygiénique : la cuisine de Francfort des années 30 a été peinte en bleu, couleur qui repousserait les mouches. C’est dans cet esprit qu’a été inventée la cuisine par éléments avec ses cotes normalisées. Les éléments sont également nommés caissons ou, plus noblement, meubles de cuisine ou corps de meuble, voire placards par le grand public. Leur conception permet de les assembler les uns contre les autres ou sur les autres pour former un agencement. Ils se subdivisent en plusieurs sous-catégories : les meubles bas recouverts par un plan de travail, les meubles hauts fixés au mur, les armoires - quelquefois appelées colonnes - qui vont du sol jusqu’au sommet des meubles hauts. Divers éléments complémentaires achèvent l’agencement : les plinthes pour cacher et protéger le dessous des meubles bas, les fillers (ou fileurs, littéralement : bouche-trou) pour finaliser l’agencement. Indispensables, ces derniers comblent l’écart entre meuble et mur et ajustent la distance entre deux corps de meuble dans un angle pour permettre l’ouverture des portes et tiroirs. Au fil du temps, le nombre des éléments a été multiplié et de nouveaux corps de meubles sont apparus, comme les armoires mi-hauteur, les rangements d’angle contemporains qui se sont ajoutés aux classiques carrousels (type Magic Corner) ou les aménagements de crédence, ce dernier terme désigne le mur situé derrière le plan de travail.
 
Comme nous l’avons vu, ce concept de cuisine a pris différents noms dont les plus couramment employés sont cuisine aménagée, cuisine équipée, cuisine intégrée, cuisine sur mesure… En fait, chacune de ces appellations recouvre une qualité différente du même concept : l’aménagement d’un espace reposant sur les trois points essentiels que sont primo  l’équipement avec des meubles, un plan de travail, de l’électroménager, un évier et un robinet ; secundo, l’intégration à l’architecture ; et tertio, le sur-mesure avec un ensemble allant de mur à mur. La notion de sur-mesure prête toujours à discussion. Les meubles ne sont pas sur mesure (à quelques exceptions près), mais le concept s’adapte néanmoins avec précision aux contraintes des lieux grâce aux fillers, plans de travail ajustables au millimètre près, etc.
La cuisine du XXIe siècle rompt avec le modèle précédent puisqu’elle est installée dans le séjour. Elle est le plus souvent dotée d’un îlot central (même s’il ne situe pas au centre). Souvent ce dernier est équipé de la table de cuisson et surmonté d’une hotte. L’évier y est plus rarement installé pour des raisons techniques et esthétiques. Les four encastrable, réfrigérateur, cave à vin et machine à café prennent place dans des rangements d’armoire avec parfois des portes coulissantes. Pour l’instant, le concept du mobilier par éléments a évolué sans fondamentalement changer. Mais les mutations ne vont-elles pas s’accélérer pour mieux s’adapter à la nouvelle place de la cuisine ?

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