Suite à la parution le 19 février dernier de notre article « Programme d’affiliation sur Internet : la communication du pauvre » (consultable dans la rubrique Plats de consistance de notre magazine on line), des responsables de divers secteurs de l’équipement domestique de la cuisine nous ont informés avoir été la cible de démarches répétées leur proposant ce type de communication. Les mêmes, au regard de l’analyse dressée dans l’article concerné, définie comme « une mise en garde utile et éclairante sur un phénomène nouveau », ont fait part de leur inquiétude concernant « une dérive douteuse vers des prix toujours plus bas pour être attractifs », laissant une impression de dumping ou de concurrence sauvage entre les divers portails, « voire des sites prétendant être consultés chaque jour par plusieurs milliers de consommateurs de cuisines ». Point de séduction au rabais atteint cette semaine : le renvoi sur votre site pour 1 euro par jour !
Et si les professionnels concèdent qu’à ce tarif-là, il est difficile de refuser, l’envoûtement des promesses de l’Internet se brise aussi sur leur bon sens et sur la réalité économique. Les deux conduisent ainsi à se demander comment un euro par jour permet à un site d’assurer les moyens techniques permettant une bonne communication, de la même manière que les mêmes responsables savent impossible la production de cuisines, d’appareils ménagers ou de plans de travail à 100 euros/pièce, la pression sur les prix se faisant toujours aux dépens de la qualité, comme ils le soulignent au sujet des concurrents issus de pays à bas coûts de production. De plus, nulle usine ne peut produire longtemps sans payer ses salariés et c’est pourquoi nous a été posée à juste titre la question de la pertinence et de la pérennité de sites se rapprochant en réalité de blogs amateurs et bénévoles car délivrant une information qu’ils considèrent eux-mêmes de peu de valeur. Un simple calcul montre en effet qu’à hauteur d’un euro de recette par jour, soit 30 par mois, il faudrait avoir au moins 100 annonceurs par mois pour ne payer le salaire que d’une seule personne, journaliste ou pas.
La réalité économique fait ainsi voler en éclats le mythe de sites prétendant délivrer une information de qualité délivrée par des journalistes travaillant gratuitement. Ceci n’en plaise aux arguments forcément enchanteurs des portail et sites vendeurs et qui se heurtent une nouvelle fois sur le bon sens des pros de la filière. Ces derniers s’interrogent - et nous interrogent avec - sur le point suivant : « pourquoi un site prétendant avoir 20, 30 ou 40 000 lecteurs par mois proposerait-il des tarifs de communication aussi bas ? ». Si un produit est bon et apporte des avantages à son acheteur, pourquoi le brader volontairement ? Qui achèterait une voiture neuve à 1000 euros sans craindre pour sa sécurité ? Qui partirait dans un club de vacances à l’étranger pour 20 euros la semaine, sans redouter une mauvaise hygiène alimentaire ou de confort ? De fait, les marques de cuisines sont peu nombreuses à utiliser ce mode de communication. En exprimant sa méfiance, la filière cuisine montre ainsi une intelligente posture de réserve. Sans doute parce qu’un euro par jour reste toujours cher pour prendre le risque de brader ou de dilapider son image…
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