Les PME chinoises en faillite à la chaîne

Actualités - 21 oct. 2011

La mondialisation devait profiter à tout le monde nous promettaient ses défenseurs doctrinaires qui étaient les mieux placés pour en bénéficier, omettant de préciser qu’elle déshabillait Pierre, Miguel ou Claudia pour confier à Chang, Kenza ou Joao de leur fournir des vêtements, des téléphones portables et les conseils de forfaits qu’ils pourraient eux-mêmes difficilement s’acheter avec un salaire devant rester bas pour que le système tourne. Reste que celui-ci s’enraye en raison de ses excès accumulés au cours des dernières années et que les symptômes se font ressentir aux deux extrémités de la chaîne corrodée. Alors que les bourses occidentales, grands argentiers du marasme, se dégonflent, les usines chinoises, ateliers de la mondialisation, se bloquent. Le Figaro du 14 octobre consacre ainsi un article à ce qui « devenu le grand sujet brûlant, sur l’Internet chinois comme sur le bureau des dirigeants locaux. Le désarroi des PME chinoises en mal de cash prend en Chine des proportions hystériques, selon la presse de Hongkong. La crise de ces PME chinoises est symbolisée par l’incroyable épidémie de banqueroutes dans la ville de Wenzhou, au cœur de la province exportatrice du Zhejiang. La presse chinoise affirmait (le 13 octobre) que, depuis le début de l’année, plus de 200 patrons s’étaient enfuis ou se cachaient, après que leurs caisses se sont asséchées. D’autres se sont suicidés. Quelque 20 % des 360 000 PME de la région auraient déjà dû fermer boutique, faute d’argent ».
 
La situation prend des proportions telles que le Conseil d’Etat (ou gouvernement chinois) a  annoncé une série de mesures, financières et fiscales, pour venir en aide aux petites et moyennes entreprises. Un comble, enrageront les patrons français des sociétés équivalentes et qui subissent leur concurrence iniques, alors que des voix s’élèvent pour dénoncer les cadeaux fiscaux faits par l’Etat aux multinationales tricolores pourtant très bénéficiaires.           
 
Les mesures chinoises visent à faciliter l’accès des PME au crédit, en autorisant, à contre-courant de leur politique générale, des ratios de réserves obligatoires « relativement bas » pour les banques locales leur prêtant, alors que ce ratio s’élève généralement autour de 21 % pour les grandes banques. Par ailleurs, ces petites affaires pourront emprunter plus facilement en émettant des obligations. L’autre volet consiste à exonérer les PME d’une batterie de taxes et de charges. Les banques se voient aussi interdire de leur facturer des services à des prix « déraisonnables ». Dans le dernier grand bastion communiste étatique de planète, « les PME chinoise n’ont souvent d’autres recours que de s’adresser à des sociétés de garantie privées qui ont développé une activité de prêt. Les taux y sont terriblement élevés, pouvant aller de 20 % à plus de 100 %... Certains analystes estiment que la part de ces prêts informels pourrait dépasser 25 % du total du crédit dans le pays Le Crédit Suisse a estimé ce marché noir du crédit à 456 milliards d’euros, avec une progression de 50 % par an ». On peut douter qu’à l’instar de ce qui se passe en Europe et aux Etats-Unis, des mesures ponctuelles prises dans l’urgence puissent inverser un mouvement global et interdépendant, spécifique de l’économie actuelle.  Economiste en chef au Développement Research Centre du Conseil d’Etat, Zhang Wenkui estime ainsi que les dernières mesures n’apporteront qu’un soulagement temporaire.
 
Gloablement justement, l’excédent commercial chinois a diminué en septembre, pour le deuxième mois d’affilée. Il s’est ramené  à 14,5 milliards de dollars, contre 17, 8 milliards en août.  Les exportations ont en effet progressé de 17,1 % en glissement annuel, contre 24,5 % le mois précédent. Un ralentissement supérieur aux estimations de la plupart des analystes, qui illustre bien la mauvaise passe de l’économie mondiale, avec une baisse de la demande en Europe et aux Etats-Unis.

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