Teisseire : une bulle de savon ?

Actualités - 04 juin 2010

Étonnante démarche que celle de la relance de l’activité cuisine du groupe Cauval autour de la marque Teisseire. Pour aboutir à ce résultat, on aura vu passer à la moulinette des centaines d’emplois, s’effilocher des réseaux de distribution et mourir des marques. En 2005, c’était la Savoyarde, à Thonon, qui était « déplacée » chez Espalux. En 2009, c’est l’affaire GMV. Ce dernier avait assemblé Gilet, à Aurillac, et Combettes, à Entraygues, puis avait repris dans la plus totale impréparation Teisseire, à Toulouse. Le crash redouté ne manqua pas de vite se produire. La crise y est certes pour quelque chose, mais ces entreprises n’avaient pas attendu la catastrophe de 2008 pour se retrouver dans un état de délabrement avancé. Et, au début de 2009, c’est avec un certain étonnement que les observateurs les plus avertis ont vu Cauval, certes n°1 de l’industrie française de l’ameublement mais placé en redressement judiciaire et faisant l’objet d’une procédure de sauvegarde, s’emparer des restes de GMV, c’est-à-dire de l’usine Combettes et la marque Teisseire ; cette « part du feu » venant s’ajouter à Espalux-Valaubrac, allégé dans le même temps par plus de 80 licenciements. En visant GMV, Cauval avait probablement parmi ses objectifs de mettre à profit les parts de marché « Gilet » en grande distribution. Mais, contretemps, la crise s’était aggravée et le Tribunal de Commerce d’Aurillac avait pris son temps, peut-être sous la pression de salariés qui savaient que l’unité de production d’Aurillac avait toutes les chances d’être sacrifiée, comme la suite l’a d’ailleurs confirmé. Résultat, la grande distribution est allée voir ailleurs, notamment But qui a créé une collection Signature B composée à partir de la gamme du (décidemment) incontournable allemand Nobilia.

 
Aujourd’hui, on peut cependant parler d’un léger mieux. Depuis six mois, le groupe qui a réalisé 550 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2009 (-12 %) est sorti de sa procédure de sauvegarde. Il fait montre d’une ambition importante et veut jouer la marque car il n’est plus possible de lutter dans le domaine du « no name » contre la concurrence des pays à bas salaires, surtout dans le siège. Son atout : des signatures connues et appréciées comme Dunlopillo, Treca, Simmons et même Pirelli, dont la licence a été acquise récemment. Ainsi, dès juin, des canapés Dunlopillo signés par le designer Ora Ito seront vendus chez Conforama (pour 450 euros) ; ils arriveront chez But en août.
 
Reste à savoir ce qu’une signature Teisseire peut vouloir dire dans ce contexte. La cuisine constitue une part marginale de l’activité de Cauval. Quant aux revendeurs de la marque ex-toulousaine, ils ont été voir ailleurs tandis que le moral des revendeurs Espalux, Mondial Kit ou encore Jean Gilet a été mis à mal par ces terribles années avec là aussi des départs nombreux vers d’autres cieux. En outre, ce domaine de la distribution est sans cesse attaquée par des marques allemandes, italiennes et espagnoles qui rabotent les prix. Bref, on peut se demander s’il ne s’agit pas d’une mission impossible.

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