Whirlpool, une affaire de présidentielle ?

Actualités - 21 mars 2017

Whirlpool, une affaire de présidentielle ?     

La délocalisation du site d’Amiens décidé par le fabricant américain a été évoquée hier lors du débat des candidats à l’élection présidentielle. Emblématique d’une tendance sociétale au made in France ?

 

C’est Marine Le Pen qui, vers la fin de ce débat sur TF1, a dénoncé avec force arguments  cette délocalisation de la production de sèche-linge de la Somme vers Lodz en Pologne, que le groupe Whirlpool avait annoncée fin janvier, provoquant la grogne des 290 ouvriers français concernés. Que cela soit la présidente du Front National qui prenne cette initiative répond à son intention programmatique de mettre en œuvre un protectionnisme économique dans notre pays ; qu’elle se sente impliquée dans le maintien de ce site de production s’explique aussi par sa fonction de conseillère régionale des Hauts de France, nouveau nom de la région fusionnant le Nord-Pas-de-Calais et de la Picardie ; enfin, qu’elle soit motivée par l’actualité se tient aussi, Le Figaro ayant publié quelques  jours plus tôt un article selon lequel « le fabricant américain d'électroménager Whirlpool a annoncé mardi (14 mars) qu'il allait centraliser ses opérations financières et comptables à Lodz, dans le centre de la Pologne, où il compte aussi transférer la production de sèche-linge depuis son usine d'Amiens (…) Le numéro deux mondial du gros électroménager a expliqué cette décision par la nécessité d'une restructuration de ses activités européennes dans le segment en question. »

 

Il n’empêche : d’autres élus à des mandats, nationaux ou autres, s’étaient déjà insurgés en janvier contre la décision de transférer l’usine française vers la Pologne, faisant chorus aux médias qui relayaient le dépit ou la colère des employés d’Amiens. L’affaire était devenue emblématique dans la campagne présidentielle, et avec elle la dénonciation des dérives de la mondialisation - parfois opportuniste car proférée par ceux-là même qui l’ont promue en dogme- faisant de l’électroménager l’un de ses vecteurs significatifs. Et puis l’affaire dite Fillon avait détourné les regards, rendant presque inaudible l’appel téléphonique la semaine dernière d’un ouvrier invitant les politiques à ne pas oublier le sort réservé aux siens, lors de l’émission matinale de RMC animée par Jean-Jacques Bourdin.

 

En évoquant hier la destinée funeste du site d’Amiens détenue par une firme d'outre-Atlantique, pouvant donc être associée, dans l’esprit des 10 millions de téléspectateurs ayant suivi ce débat, à la politique américaine menée par un nouveau président qu’il est de bon ton de décrier en France pour son protectionnisme économique à tous crins, la favorite des sondages pour le premier tour des élections présidentielles a servi sur un plateau (de télévision) une occasion de refaire de cette délocalisation et de l’électroménager en général un symbole des enjeux socioéconomiques pendant la campagne désormais lancée. Rappelons pour faire bonne mesure que l’électroménager n’est pas le seul secteur d’activité, ni donc Whirlpool  la seule firme, à procéder à de tel transferts d’outils de production. De fait, on peut se demander pourquoi les dirigeants du groupe américain n’ont pas attendu la fin des élections présidentielles dans l’Hexagone pour faire cette annonce, en pleine période d’engouement pour le made in France,  dont ils n’auraient sans doute jamais prévu des telles conséquences. Leur regard était-il rivé sur les résultats alors connus des élections dans leur pays ?

 

Dernière minute : pour faire bonne mesure également, l'annonce ce matin de ce qui pourrait devenir l'affaire Leroux, pourrait, en fonction de ses développements, de nouveau détourner les regards...    

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