Les cuisinistes en GRAND Format sur le petit écran

Actualités - 20 avril 2021

Survenue par surprise au point de sidérer le monde entier et ses dirigeants, la crise du Covid-19 aura aussi généré d’étonnantes inversions de valeur. Ainsi, les cuisinistes, longtemps cibles privilégiées des médias, notamment des émissions consuméristes, ont fait l’objet sur TF1 d’un reportage saluant leur résilience et leur dynamisme.Analyse d’un double effet vertueux. 

Diffusé le 13 avril dernier, ce sujet dure trois minutes et trente secondes, ce qui peut sembler court, mais est réalité un temps non négligeable dans un journal télévisé diffusé sur TF1, première chaîne du PAF (paysage audiovisuel français), voire d’Europe, puis repris sur LCI, chaine d’information en continu au sein du groupe. Ceci et l’appellation Le GRAND Format dans laquelle est classé le reportage témoignent de l’importance accordée par la chaîne à cette pièce de l’habitat, souvent considérée par la presse écrite - à raison - comme cruciale dans le foyer, qui la qualifie plus souvent encore comme « pièce à vivre » – à tort cette fois, l’expression étant aussi creuse qu’un tic verbal, comme l’est l’insignifiant et ridicule « du coup » mis à toutes les sauces et dans toutes les bouches (lors des micro-trottoirs anonymes ou des interviews sur le plateaux TV ou radio), sans que leurs psittacins auteurs ne s’en rendent compte (test fait) ou puisse la remplacer par un synonyme (test fait). De son côté, la cuisine est bien une pièce de vie, ou pour bien y vivre, voire à faire vivre en y réunissant régulièrement    des proches enthousiastes, mais qu’on aura du mal à vivre, même avec la meilleure volonté du monde et une ambition démesurée de substitution moléculaire (toutefois, si l’un de vos clients vous déclare être devenu une façade laquée et être épanoui dans sa nouvelle vie, assurez le SAV et conseillez-lui d’aller consulter sans attendre).

Revenons à nos moutons télévisuels, mais gardons-nous de les compter sous peine de tomber dans les bras de Morphée, ce qui serait gênant pour la lecture de cet article, mais aussi incongru, le sujet du journal de LCI n’étant pas consacré à la literie, mais à la cuisine. Encore que, on pourra préciser que ce choix entre dans la mode médiatique actuelle qui braque ses projecteurs sur la vogue des consommateurs en faveur de la rénovation ou l’amélioration de leur habitat, havre de ressourcements et cocon protecteur en période de crise de diverses natures, à commencer par celle d’ordre sanitaire et socioéconomique que les Français (pour ne parler que d’eux) subissent depuis plus d’un an. Les confinements ont provoqué chez nos concitoyens une prise de conscience inespérée chez les acteurs de l’habitat. Au sein de ce dernier, le secteur de la cuisine est cependant un cas particulier car, contrairement à d’autres univers de produits, il était déjà dynamique avant la crise du Covid-19 (enregistrant même chaque année les meilleurs scores de l’ensemble de l’ameublement). Le rebond de l’activité après le premier confinement - soit durant tout l’été dernier- puis après le deuxième - soit au premier trimestre 2021 - est donc le fait d’un rattrapage conjoncturel combiné à une orientation structurelle des dépenses réalisées par les consommateurs. Le sujet diffusé au journal de TF1 montre aussi que ce double moteur s’accompagne de motivations puisant leur source dans le désir d’amélioration de l’habitat en général et dans des critères particulièrement prégnants dans la cuisine, voire qui lui sont spécifiques. Ainsi la « jeune retraitée » servant de témoin à ce nouveau boom des cuisinistes déclare-t-elle être avoir acheté une cuisine intégrée pour avoir davantage « de place pour cuisiner » et « du rangement, du rangement, eaucoup de rangement(s). »

La notoriété n’est plus décisive

Le reportage indique ensuite que les cuisinistes sont les principaux bénéficiaires de ce mouvement de fond, les caméras se posant dans le magasin SoCoo’c d’Annecy, puis en Alsace dans le centre de formation de Schmidt. Un choix qui ne doit rien au hasard et qui n’a sans doute pas été guidé par la seule notoriété des deux enseignes. Car si Schmidt est effectivement l’une des plus connues en France, SoCoo’c l’est en revanche moins que Mobalpa, sa sœur aînée au sein du groupe Fournier. On peut alors penser qu’en demandant l’autorisation de filmer sur les sites, les journalistes de TF1 ont aussi voulu savoir auprès des directions des deux leaders français qu’elles étaient leurs marques-enseignes actuellement les plus dynamiques et représentatives de l’actuelle forte croissance du marché. L’annonce de la hausse de 43% des ventes en un an dans le magasin SoCoo’c - certes dans un secteur annécien particulièrement tonique - avalise ce raisonnement.

Si certains jetteront un regard blasé ou cynique sur la prime télévisuelle faite aux grandes chaines nationales par un média se revendiquant très grand public - s’inscrivant dans une certaine logique -, on ne pourra que se réjouir de cette démarche journalistique révélatrice d’une évolution des mœurs : il n’y a pas si longtemps, les émissions consuméristes consacraient des reportages bien plus longs aux méthodes de vente de cuisine les plus sulfureuses. 

Pour visionner ce reportage, cliquez sur le visuel ci-dessus.

Jérôme Alberola

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