Le bilan n’est pas si évident que cela en ces temps d’errance économique : Flip Design a réalisé une année 2012 étale par rapport à la précédente. Agnès Martin, sa dirigeante, ne pavoise pas pour autant : « depuis janvier, notre activité s’est déroulée en dents de scie, ce qui a limité notre visibilité à court terme, avec de bonnes ou mauvaises surprises les mois suivants. Septembre a été en baisse prononcée mais qui a été compensée en octobre ». Constater qu’une société parvienne à maintenir le cap est toujours rassurant alors que les annonces de plans sociaux et de défaillances sont devenues le pain rance quotidien des téléspectateurs des journaux TV. Mais ce constat prend une saveur particulière au regard de la nature de l’entreprise : Flip Design est une PME implantée à Puycelci dans le Tarn dont on ne peut être que séduit par sa constance à défendre des valeurs propres à sa taille humaine et à appliquer une vision de proximité et de services, en dépit des aléas de l’économie qui - faut-il le souligner ? – ne lui sont pas des plus favorables. Ou ne lui étaient pas, devrait-on peut-être rectifier. L’inquiétude suscitée par les excès de la mondialisation, de la financiarisation de l’économie et de l’exploitation polluante des ressources non renouvelables, aggravée à mesure que se révèlent leurs effets pervers, pourrait bien remettre en exergue les atouts de l’entreprise spécialisée dans la réalisation de plans de travail en bois lamellé-collé. En réalité, cette tendance s’exprime déjà.
Car, ainsi que nous le signalons dans notre édition d’automne du Palmarès des modèles les plus séduisants (en page d’accueil), après avoir ouvert le champ des possibles dimensionnels et chromatiques, les solid surfaces et autres matériaux de synthèse subissent une certaine uniformisation par mimétisme des acteurs du marché, des vogues médiatiques et des demandes consuméristes. De quoi distinguer le bois lamellé-collé, par ses atouts écologiques et le sentiment de chaleur naturelle qu’il dégage. Cela se traduit par une forte demande de plans de travail en chêne de forte épaisseur (de 38 mm dans la collection Flip & Co) qui, s’ils ne remplacent pas forcément les modèles fins en matériaux de synthèse, y sont plus souvent associés. Le hêtre et le teck complètent le tiercé gagnant. Proposant aussi 9 autres essences (dont le précieux sapelli - ou acajou- et l’acacia), Flip Design travaille toujours sur mesure au point qu’il n’y a « jamais eu deux pièces identiques », tant en termes de formes (matière brute facile à découper, le bois permet des solutions variées), de teintes (sont privilégiées par les consommateurs le chêne blanchi, les bois vieillis et grisés ou le wengé foncé) et de décors (la tendance étant aux traits de scie et finition brute). A l’exception de ceux exotiques provenant par essence (dans le double sens du mot) de contrées lointaines (mais toujours issus de plantation gérées pour être durables), tous les bois utilisées par Flip sont d’origine française (label de qualité reconnu pour le chêne et le hêtre) ou d’autres pays européens. Selon Agnès Martin, cette origine n’est pas en soi un critère recherché par le grand public. En revanche, le lamellé-collé répond bien aux préoccupations environnementales non seulement par leur naturalité de matière végétale employée, mais aussi en raison de son procédé de fabrication. L’utilisation de lames de bois collées entre elles après séchage génère en effet moins de déchets et de chutes qu’un panneau taillé d’une seule pièce dans une masse brute plus importante. Autre avantage : le lamellé-collé, par sa composition d’assemblage, ne subit pas avec le temps les torsions des panneaux de bois qui s’accroissent avec leur superficie. « C’est l’alliance des qualités écologiques et de la technique humaine qui crée un produit d’une meilleure qualité ».
Les mêmes atouts de solidité du lamellé-collé ont permis de développer de nouveaux plans de travail de fine épaisseur (à partir de 19 mm) qui ont le même aspect que ceux deux fois plus massifs. L’utilisation réduite de matière offre là encore un avantage écologique auquel s’ajoute un atout économique pour les consommateurs. « Quelles que soient ses dimensions, le bois conserve de nombreux atouts propres en termes de portée sans s’affaisser, d’isolation, de profondeur et de chaleur visuelle ou tactile, et de symbole de tradition » souligne Agnès Martin. Son dernier argument a une résonnance particulière en cette période de crise économique et de doutes, qui conduisent les citoyens à se rassurer au travers de repères stables dans le temps, en se tournant vers les symboles des époques passées plus sereines. Une orientation sociologique qui devrait récompenser la constance et l’inventivité de la PME du Tarn et profiter aux 450 distributeurs, tous cuisinistes, qui référencent ses plans de travail. Ces points de vente sont répartis sur toute la France, mais aussi en Belgique, au Luxembourg et aux Pays-Bas où le savoir-faire français plait. Voilà qui confirme la première phrase de cet article : il n’est en effet pas si évident pour une PME française de l’univers de la cuisine de réussir à l’étranger, surtout dans des régions où les fabricants allemands sont fortement implantés.
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