Arthur Bonnet et Comera en Contrat à Durée Indéterminée ?

Actualités - 21 oct. 2015

Arthur Bonnet et Comera 

en Contrat à Durée Indéterminée ?  

Des questions de couloirs se posent concernant le maintien de CDI dans le dispositif de l’italien Snaidero qui vient de céder sa rentable filiale de distribution FBD, mais qui dément toute volonté de vente des deux marques et sites français. Décryptage.  

 

Ces interrogations sont étayées selon les uns et les autres par des raisonnements établis sur des faits et non dénués d’une certaine logique. A savoir :

 - après la vente de sa rentable filiale de distribution FBD à Nobiila en septembre, dont le fruit a servi à combler une partie de la dette du groupe Snaidero,ce dernier aurait moins d’hésitations à se séparer de sites industriels dont l’entretien est plus coûteux qu’un réseau de magasins (thèse contredite par la déclaration d’Edi Snaidero, reprise en fin d’article) ;

- ces coûts de fonctionnement augmentent chaque année pour rester dans la course européenne, comme le montrent les dizaines de millions d’euros consacrées par les deux leaders français (Salm et groupe Fournier) et par les industriels allemands ;

- Arthur Bonnet est une belle marque française de cuisine qui peut attiser la convoitise des puissants industriels allemands, désireux comme on le sait de se développer sur le prometteur marché français et qui peuvent prendre en charge tout ou partie de sa production ;

- cette thèse est nourrie par les questions sur l’avenir d’Arthur Bonnet émises par des participants aux hausmesses de la MOW allemande en septembre ;

- plus près du fief de Snaidero, lors du salon Sicam de Milan dédié aux fournitures d’ameublement, dont les ensembles de cuisine, des professionnels ont à leur tour donné la semaine dernière de l’eau au moulin à cette hypothèse de revente, arguant qu’elle pourrait être réclamée avec insistance, voire imposée, par la ou les banques couvrant la dette du groupe et qui pourraient être désireuses de l’épurer. De fait,  le Messagero, journal de la région de Snaidero, relatait déjà en octobre 2013 que le groupe avait « 114 millions de dettes à restructurer et 100 millions de produits perdus en cinq ans » et évoquait les négociations avec les banques (article complet consultable en cliquant ici). 

- la santé de l’entreprise vendéenne de production ne change rien à la pertinence de la vente hypothétique de ce qui pourrait être considéré comme un actif (le procédé étant courant pour des groupes cotés en bourse) : si CDI (entité réunissant Arthur Bonnet et Comera) est prospère, Snaidero pourra en tirer un bon prix ; si elle connaît des difficultés, son propriétaire sera plus enclin à la revendre, afin de ne pas plomber l’activité de sa maison mère ;  

- enfin, le repli de Snaidero sur ses propres bases ne serait ni un échec, ni le signe avant-coureur de son propre péril : fondé en 1946, le fabricant italien s’est bâti jusqu’aux années 1990 l’une des histoires les plus prestigieuses de la cuisine européenne sur sa seule marque homonyme, notamment en concevant de superbes modèles qui ont marqué leur temps, en collaboration avec de grands designers (dont Pininfarina pour les fameuses Ola). La visite de son showroom d’usine où ils sont exposés, tel un musée, est révélatrice de son importance au cours des 50 dernières années.

- de son côté, la cession d’Arthur Bonnet serait un changement de main de plus comme la marque française en a connu plusieurs depuis le début des années 1990 (de Joël Vérité à CBI, en passant par Sofiseb et Valois Habitat), ce qui ne l’a empêché de rester une marque de référence sur le marché français.   

 

Le conditionnel est employé car il s’impose dans tout ce qui précède. Rappelons-le, il ne s’agit que de bruits de couloirs diffusés sur la fameuse « radio-cuisine » ou chambre d’écho de la filière. Ces analyses, peut-être à l’emporte-pièce, ont pu se nourrir de la convergence, synchrone de surcroît, de deux évolutions brutales survenues sur le marché français en septembre. A savoir : la vente de FBD (Ixina, Cuisine Plus et Cuisines Références) par Snaidero à l’allemand Nobilia, leader européen de la production, d’une part et les dépôts de bilan des fabricants français Hardy-Roux, Gaio et Legrand, d’autre part, engageant une nouvelle hémorragie dans le tissu industriel français, telle qu’on ne l’avait pas connue depuis deux ou trois ans. De quoi susciter des inquiétudes et poser de manière irrationnelle, mais aussi légitime, la question de savoir qui sera le suivant sur la sinistre liste.

 

En réponse à notre demande de réaction officielle, Delphine Pochet-Lerible, responsable Marketing consommateur et Communication Arthur Bonnet, nous a adressé le mail suivant : « La réponse de M. Edi Snaidero est très simple : Cuisines Design Industries n'est pas en vente ; cela n'est pas dans les projets du Groupe Snaidero ». Son président confirme ainsi ce qu’il avait déclaré en substance au Messagero le 3 août dernier : « la vente de FBD représente pour le groupe Snaidero une occasion unique pour l'avenir des autres importantes marques qu'ils le composent(soit Arthur Bonnet et Comera donc, mais aussi l’allemande Rational et l’autrichienne Regina, ndlr). Si cette vente ramène notre chiffre d’affaires d'environ 180 millions à 130 millions d’euros, nous allons aussi pouvoir nous concentrer sur notre métier de fabricant et retrouver l’équilibre financier dans le cadre d’un plan de trois ans »(article complet consultable en cliquant ici).

   

 

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Arthur Bonnet et Comera en Contrat à Durée Indéterminée ?

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