Une connectivité au risque de la vie privée

Actualités - 15 oct. 2014

C’était la grande tendance incontournable de la dernière édition de l’IFA de Berlin, salon international de l’électroménager brun (dans nos salons), gris (sur nos bureaux et dans nos poches ou sacs) et blanc (dans nos cuisines) : la connectivité ! Vous savez, cette faculté dont nos ordinateurs avaient l’apanage et qui permet aussi désormais à nos smartphones, tablettes, centrales domotiques, mais également fours et réfrigérateurs, d’être commandés à distance, voire de prendre des décisions (se mettre en marche à telle heure, moduler leur température, gérer les stocks de denrées alimentaires). 

 

Le problème de cette connectivité est que d’autres personnes que les utilisateurs peuvent tout autant commander vos appareils et que ces derniers peuvent prendre à votre place des décisions pouvant se révéler préjudiciable. C’est ce qu’a révélé en août dernier un article de Science & Vie et dont voici les extraits les plus éloquents :     

« L’événement a eu lieu l’an dernier, à l’approche de Noël. Un frigo a envoyé un spam. Oui, vous avez bien lu, un réfrigérateur a « pourri » la boite mail d’internautes à l’insu de son propriétaire, qui ne se doutait pas que son appareil, détourné par un hacker, participait depuis sa cuisine à une vaste attaque de spaming. Une première mondiale ! Explication : ce réfrigérateur de dernière génération fait partie d’un monde nouveau. Un monde d’objets disparates dotés d’une capacité inédite, celle de communiquer grâce à une connexion à Internet, ou à tout autre réseau : wi-fi, bluetooth, réseau cellulaire, puces RFID…

(…) C’est aussi le cas «  de votre smart TV, votre balance, vos stores automatiques, votre éclairage, votre thermostat. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : selon l’observatoire des technologies numériques iDate, il existe actuellement plus de 15 milliards d’entités connectées, contre seulement 4 milliards en 2010. Et d’ici à 2020, cette armée de l’ombre devrait totaliser selon le cabinet IDC, 112 milliards de représentants. A comparer avec le nombre de smartphones, pourtant eux aussi en plein essor, qui n’en seront qu’à 3.3 milliards d’unités en services dans le monde en 2017. (…) Offrir aux utilitaires une vie plus facile, plus douce : telle est la promesse des objets connectés. Sauf que les heureux possesseurs d’un frigo ou d’une machine à laver intelligents ne seront pas les seuls à avoir la vie plus facile. Les hackers, eux aussi, s’en réjouissent ! Pour eux, tout objet connecté à un réseau est une porte d’entrée potentielle vers les données qu’il contient.  (…) A cette différence près que les ordinateurs sont en général protégés par un antivirus, voire un pare-feu, filtrant les accès à Internet. Alors que les objets connectés, eux, disposent souvent de protections précaires, quand elles ne sont pas inexistantes. (…)

 

« Votre PC peut être bien sécurisé, mais votre routeur ou d’autres équipements connectés ne le seront pas autant. Si un hacker veut s’attaquer à votre installation, il essaiera toujours de passer par la porte de derrière, moins bien protégée, et s’en prendra à d’autres objets dont vous ignorez même peut-être qu’ils sont connectés », confirme Vicente Diaz, spécialiste des logiciels malveillants au Great, le laboratoire R&D de l’éditeur d’antivirus Kaspersky.
Quels sont les risques ? Primo : comme un ordinateur, tout objet connecté peut être utilisé pour mener des campagnes de spamming ou rendre des sites Web inaccessibles en les saturant de demandes d’accès. Secundo : le hacker cherche à faire main basse sur vos données personnelles (adresses e-mail, mot de passe, coordonnées bancaires) qu’il pourra ensuite utiliser ou monnayer. Or, certains objets peuvent en dire particulièrement long sur vous.
« Par exemple, si je sais que votre smart TV est en marche, je sais que vous êtes à la maison », explique Vincente Diaz. Autre exemple : le compteur électrique communicant Linky qu’ERDF a commencé à déployer et qui, d’ici à 2021, devrait équiper tous les foyers français. (…) Le hacker peut carrément prendre le contrôle de l’objet ciblé pour le détourner, à votre insu, de sa fonction initiale. Le nombre encore relativement faible d’attaques visant ces types d’appareil explique peut-être aussi pourquoi leur protection n’est pas encore totalement ancrée dans les gènes des entreprises qui les commercialisent ».

 

Bien sûr, sévèrement affectée par la crise socioéconomique amorcée en 2008, la filière de l’électroménager attend de grandes retombées commerciale de la généralisation de la   connectivité. Mais le risque du big business est que « Big Brother is watching you ! », avérant ainsi les prophéties angoissantes de 1984, culte roman d’anticipation de George Orwell.

 

 

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