Villéger, ambassadrice de la cuisine française en Chine

Actualités - 12 oct. 2012

De gauche à droite : M Herdalot, directeur général, MM. Villéger père et fils et Xu Guozi et le modèle Longère.

 

Les médias grand public relatent depuis plusieurs années le goût des millionnaires chinois, vite rejoints par leurs compatriotes de la classe moyenne - deux catégories socioéconomiques en pleine expansion – pour le savoir-faire français en matière de luxe et de gastronomie. Un savoir-faire qui est là-bas comme ailleurs interprété comme un véritable savoir-vivre chez soi. De fait, on était donc en droit d’estimer que les ensembles de cuisine française, à la croisée des chemins des domaines de prédilection du goût dans l’Empire du milieu, y aient les meilleures chances de séduire. Reste que la distance (environ 9 000 km en avion, près d’un mois de transport en cargo) et la crainte de subir des contrats distribution opaques, voire léonins, n’a pas franchement encouragé les fabricants tricolores d’exporter au-delà de la Grande muraille. Ce qui ne s’est pas (encore ?) produit dans un sens s’est réalisé dans l’autre et, à l’instar des vignobles bordelais ou bourguignons, c’est un fabricant de cuisine de Charente-Maritime qui a été acquis le 13 juin dernier 2012, lorsqu’a été officialisée la cession intégrale des Cuisines Villéger à l’industriel chinois Xu Guozi. 

 

Celui-ci dirige diverses entreprises œuvrant dans la construction immobilière dans toute la Chine, mais aussi dans l’industrie pharmaceutique et la signalétique. Les appartements étant vendus clés en main avec des prestations d’équipements haut de gamme, M. Xu était à la recherche de cuisines françaises, gage de luxe au sein de la clientèle visée. La rencontre avec Villéger s’est produite par le biais de contacts engagés un an auparavant par Eric Herdalot, directeur financier de la société depuis 4 ans et devenu l’actuel directeur général. Christian Villéger, patron de l’entreprise dont il a su maintenir les effectifs de 53 employés malgré la crise, cherchait de son côté un repreneur pour en assurer la pérennité. Aujourd’hui âgé de 64 ans et retraité, il se réjouit de cette opération d’autant plus que les chances de reprise par d’autres fabricants français étaient minces (les dernières années ont été plutôt marquées par des défaillances). « Je suis très heureux de ce partenariat, qui va donner à la société de nouveaux moyens financiers et humains afin de poursuivre la dynamique commerciale actuelle. Au-delà du développement du marché français, cette acquisition offre aux Cuisines Villéger l’opportunité de se développer davantage à l’international, notamment en Chine ».

 

Une double ambition géographique confirmée par Xu Guozi : « Nous allons donner les moyens à l’entreprise de se renforcer sur le territoire national afin d’aborder l’export sur des bases solides ».

Outre de conforter ses positions chez ses 120 partenaires distributeurs de France, Villéger se développera au vaste et peuplé pays de son nouveau propriétaire. Un magasin exclusif ouvrira ses portes en janvier à Pékin, la capitale, puis à Shangaï, premier centre économique, Han-Zu et Canton.   

 

Y seront proposés quatre modèles de cuisine les plus aptes à séduire le public chinois, sélectionnés parmi la collection large du fabricant de Villeneuve-la-Comtesse, afin d’assurer une logistique plus efficace qu’un nombre important de références. « Ces modèles sont identiques à ceux vendus en France. Les cuisines chinoises changent seulement des nôtres par leurs appareils ménagers, qui sont des distributeurs d’eau chaude, des cuiseurs vapeur mais aussi des plaques à brûleurs gaz pour feux vifs. Les caves à vin sont aussi plus fréquentes » explique Marina Hamond, responsable de la communication. Tous les modèles seront montés en France, ce qui générera une forte hausse des volumes dans les conteneurs transportés par cargos. Les tarifs afférant au positionnement haut de gamme combleront ceux des coûts de logistiques. Les délais de livraison devraient être de 3 à 4 mois, « mais la clientèle chinoise qui achètent des produits français est patiente pour avoir la qualité recherchée ».

   

L’annonce du rachat d’une entreprise française par un groupe chinois génère toujours des craintes de délocalisation du savoir-faire à court ou moyen terme. « Il n’en est pas question pour Xu Guozi qui compte d’ailleurs s’installer à La Rochelle avec ses enfants. Ces derniers apprennent déjà le Français et sont inscrits dans une école de la République pour la rentrée 2013 » rassure-t-on au siège charentais. Christian Villéger élargit même, non sans raison, son enthousiaste réflexion au champ de la conjoncture économique : « C’est une chance dans un contexte économique difficile de trouver des investisseurs qui souhaitent promouvoir la cuisine haut de gamme et le savoir-faire français, sur notre territoire et à l’étranger ».

 

Modeste fabricant en son pays, Villéger sera-t-il l’ambassadeur de la cuisine équipée française en Chine ?  Décidément, la mondialisation à géométrie (géographie) variable est un concept qui résiste à tout pronostic…               

              

 

 

 

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Villéger, ambassadrice de la cuisine française en Chine

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